Personnage central du système corrompu mis en place dans cette entreprise qui emploie 70 salariés à Languidic (Morbihan) et regroupe 220 éleveurs adhérents en Bretagne, l'ancien directeur de production et commercial de cette coopérative avicole, Eugène Conanec, 72 ans, a écopé de la peine la plus lourde. Il a été condamné à trente mois de prison avec sursis, assortis d'une amende de 40.000 euros, d'une confiscation de 59.085 euros et d'une obligation de dédommager UKL-Arrée à hauteur de 106.554 euros.
Ce cadre, qualifié de « pape de la volaille », qui avait triplé son salaire sans en référer au conseil d'administration, était notamment poursuivi pour avoir reçu, de la main à la main, 49.636 euros en paiement d'une livraison d'œufs à couver à destination de l'Iran, pays sous embargo. Il lui était également reproché d'avoir facturé 29.057 euros de dindons virtuels à une future filiale ou encore de s'être fait rembourser des dizaines de milliers d'euros de frais de restaurant déjà acquittés par un laboratoire vétérinaire.
A l'audience de décembre, la procureure adjointe de Lorient avait chiffré à 152.000 euros le préjudice subi par UKL-Arrée entre 2009 et 2013. L'avocat de la partie civile, Me Noinski, avait quant à lui dénoncé un système « quasi féodal, un peu mafieux, construit pour (l') unique profit » d'Eugène Conanec. Son emprise sur l'entreprise allait loin : il maîtrisait la base, les éleveurs, et « tenait jusqu'à leurs familles », avait-il expliqué. Le tout dans un contexte social particulièrement tendu, avec des employés se décrivant comme « contraints, aux ordres » quand des éleveurs, aux abois, devaient attendre quinze semaines pour être payés.
En 2012, UKL-Arrée, spécialisée dans l'accouvage de volailles, affichait des pertes de 16 millions d'euros. A l'encontre des deux anciens cadres âgés de 75 et 39 ans, le tribunal a prononcé une peine d'un an de prison avec sursis et 10.000 euros d'amende pour le premier, six mois avec sursis et 1.000 euros d'amende pour le second.