Les éleveurs et les syndicats y ont presque cru : début avril, Bruxelles avait annoncé la tenue, fin mai, d’une réunion « des acteurs de la filière laitière européenne » pour tenter de trouver un accord sur la maîtrise de la production. Les principaux concernés par la crise laitière pouvaient croire que l’UE guérirait, ce mercredi 25 mai, de son autisme face à l’ampleur des difficultés qu’ils traversent.
En fait, la réalité du rendez-vous annoncé est tout autre. Au Parlement européen, les députés vont bien parler de la crise laitière, mais à l’heure du dîner, entre 19h et 21h30. Le rendez-vous devait réunir « tous les acteurs européens de la filière laitière ». Il n’en est rien : la commission de l’agriculture et du développement rural du Parlement européen, présidée par le polonais Czeslaw Siekierski, auditionne seulement sept personnes.
Parmi elles figurent deux Néerlandais : Joost Korte, directeur de la DG Agri de la Commission européenne, et Hans Hoogeveen, vice-ministre de l’agriculture des Pays-Bas, représentant le Conseil des ministres européens de l’agriculture. La commission parlementaire compte aussi interroger l’Anglais Mansel Raymond, représentant du Copa, et des membres du Cogeca, de l’EMB, de l’European dairy association, et de Via Campesina.
« Le PPE (ndlr, Parti populaire européen dont Czeslaw Siekierski est membre) a revu le format de la réunion », déplore Thierry Roquefeuil, quelque peu désabusé. Le président de la FNPL pensait avoir l’occasion de s’exprimer directement devant les élus européens. « Tel que la réunion se présente, j’ai beaucoup de craintes quant aux avancées qui seront obtenues. »
Les « pro-régulation » toujours minoritaires
La liste des personnes auditionnées ne présage guère d’avancées importantes à l’issue de cette réunion. Les élus européens entendus ne sont pas vraiment poussés par leurs pays respectifs – les Pays-Bas et le Royaume-Uni – pour mettre en œuvre les mesures de réduction des volumes de lait pourtant permises par l’UE. Le Copa et le Cogeca ne portent pas non plus la voix de l’indispensable limitation de la production. Pas sûr non plus que Michel Nalet, le représentant de l’EDA, qui est aussi le directeur des relations extérieures de Lactalis, défende avec fermeté l’idée de réduire les volumes.
Jusqu’à présent, et depuis plus d’un an, Phil Hogan et, par sa fonction, l’ensemble de la Commission européenne, ont régulièrement prouvé leur position libérale par leur autisme face aux alertes des producteurs laitiers. Ce mercredi 25 mai 2016, si les auditions et les échanges n’aboutissent pas à une quelconque avancée pour les producteurs, un nouveau pas vers la voie unique de l’ultralibéralisme européen sera sans doute franchi. « J’espère que le Parlement européen ne va pas suivre l’obscurantisme du commissaire », poursuit Thierry Roquefeuil.