Ça y est, le bal est lancé. Les promesses électorales formulées à votre égard commencent à arriver et vont se multiplier jusqu’au 23 avril 2017, date du premier tour de l’élection présidentielle . À regarder de près les premiers programmes agricoles, ceux des candidats à la primaire de la droite et du centre, on pourrait croire qu’ils se sont entendus pour participer au jeu du "c’est moi qui en fait le plus". Une compétition qui fait à la fois toute la richesse et toute la pauvreté de la politique.
Avec des réformes en veux-tu en voilà, tout ira mieux pour vous dès l’été prochain. Juste deux exemples : à partir de l’automne 2017, toutes les normes seraient "retransposées" à la "moyenne européenne" et vous pourriez compter sur une baisse des charges de quelques milliards d’euros. Le tout d’un coup de baguette magique. Sauf que des promesses non tenues aux engagements intenables, il y a bien longtemps que vous n’êtes plus dupes. Les promesses n’engagent que ceux qui les croient !
La surenchère politique déjà déployée pour vous sortir de la crise semble proportionnelle au silence des médias grand public sur votre situation. Quand ils ne sont pas attirés par le sensationnel d’un agriculteur en larmes devant la caméra ou de milliers de tracteurs dans les rues de Paris, ou par le symbolique combat de vulnérables éleveurs face au Goliath du marché laitier, ils passent sous silence vos difficultés et votre mal-être.
Faut-il pour autant subir la crise sans rien dire ? Se débrouiller tout seul sur son exploitation en laissant les politiques avec leurs beaux discours ?
Faut-il pour autant subir la crise sans rien dire ? Se débrouiller tout seul sur son exploitation en laissant les politiques avec leurs beaux discours ? Assurément non. Sans nul doute, l’heure est à l’engagement. Non pas en retapissant de purin la DDT du coin – l’image véhiculée reste aussi mauvaise que l’odeur – mais en s’impliquant encore plus en dehors de votre ferme. Dans votre coopérative pour qu’elle retrouve ses vertus trop souvent piétinées. Dans votre OP pour peser davantage face à votre collecteur. Dans votre commune ou votre collectivité pour défendre votre métier quand des néo-ruraux préfèrent les champs de coquelicot aux cultures sans nuisibles. Dans un syndicat pour faire valoir vos revendications. Et pourquoi pas en politique pour faire bouger les lignes réglementaires et budgétaires, à l’échelle nationale et européenne.
Quels que soient le sens et la forme, l’engagement est chronophage, voire fatiguant, mais il peut être passionnant. Surtout, pour l’avenir de votre métier, votre engagement est d’autant plus nécessaire que ceux des politiques restent trop souvent vains.