« Il est possible qu'il nous manque un outil pour pouvoir, après un an, deux ans de fonctionnement, revisiter le fonctionnement de ces centrales d'achat, mesurer les effets qu'elles ont eu sur le tissu productif à l'amont », a déclaré devant la commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale, Stanislas Martin, rapporteur général de l'Autorité de la Concurrence, auditionné dans le cadre des Etats généraux de l'alimentation.
Il a auparavant salué les avancées de la loi Macron, qui oblige depuis 2015 les distributeurs à prévenir l'Autorité avant tout rapprochement, alors que celle-ci n'était jusque-là notifiée qu'a posteriori.
De nombreux rapprochements de centrales d'achat ont eu lieu depuis 2014 pour peser dans la guerre des prix, tant au niveau français qu'au niveau européen. Stanislas Martin a rappelé que l'Autorité de la concurrence, saisie par le Parlement, avait rendu en 2015 un avis dans lequel elle mettait en garde sur ces rapprochements, susceptibles de « favoriser des échanges d'informations entre les enseignes » et « éventuellement favoriser la collusion entre les enseignes à l'aval », avec en conséquence « le risque de compression excessive des marges » des producteurs.
En 2016, les quatre centrales d'achat françaises, où sont rassemblés les sept principaux acteurs de la grande distribution hexagonale, concentraient ainsi 92,2 % des ventes en valeur (et 88,5 % en volume) de produits de grande consommation et frais libre-service, selon un rapport de Kantar WorldPanel.
En dehors de la question du respect de la loi et d'éventuelles ententes, cet outil aurait pour but d'évaluer si ces rapprochements sont « économiquement efficaces, pertinents, ou économiquement néfastes », a précisé Stanislas Martin. Il a toutefois rappelé qu'il y avait déjà des opérations de surveillance : « on surveille le secteur et il y a eu cette année deux perquisitions, dont une avec la Commission européenne, pour vérifier que ces rapprochements de centrales d'achat ne conduiraient pas à des ententes entre distributeurs », a-t-il indiqué, précisant que « l'exploitation des données saisies est en cours ». Il a par ailleurs évoqué, comme piste pour maintenir voire augmenter la concurrence dans le secteur, de « faire rentrer de nouveaux distributeurs » et, pour ce faire, d'« assouplir les règles d'urbanisme commercial ».