Haro sur la guerre des prix, « dont tout le monde crève »

Ces négociations, qui se tiennent traditionnellement de la mi-octobre à fin février entre représentants des industries agroalimentaires, fédérations agricoles et distributeurs, sont généralement sources de tensions.

Cette année, elles ont une saveur particulière, en raison de la tenue en parallèle des Etats généraux de l'alimentation (EGA), auxquels participent tous les protagonistes des négociations, mais aussi de l'annonce très attendue mercredi, par Emmanuel Macron, d'une série de mesures visant à mieux rémunérer les agriculteurs, principales victimes de cette guerre des prix qui fait rage en France depuis trois ou quatre ans.

Pour preuve de sa bonne volonté, la Fédération du Commerce et de la Distribution (FCD a révélé mardi dans le Figaro être à l'origine d'une « charte » de bonne conduite, qu'elle espère faire signer à tous les acteurs de ces négociations dès mercredi, destinée à « devancer » une révision législative, qui pourrait intervenir d'ici à fin février 2018. Jean-Philippe Girard, le président de l'Association nationale des industries agroalimentaires (Ania), pour sa part envoyé une lettre ouverte à Emmanuel Macron, également mardi, afin d'insister sur le fait que « le temps n'est pas aux polémiques (ni) aux opérations de communication, mais à la responsabilité et au dialogue pour défendre une filière qui souffre », car « il y a urgence ».

« Nous nous trouvons à un moment assez historique, il y a quelque chose qui a changé », a souligné la semaine dernière le délégué général de la Fédération du Commerce et de la Distribution (FCD), Jacques Creyssel, dans le cadre d'une conférence organisée par le magazine spécialisé LSA, devant quelque 500 participants à ces négociations.

« Un monde qui s'essouffle »

Son homologue, Jean-Philippe Girard, a quant à lui comparé la situation à « un monde qui s'essouffle ».

Directeur général d'Auchan Retail, Wilhelm Hubner a promis pour sa part qu'en tant que « petit-fils d'agriculteur, il apporterait son soutien à ceux qui ont la volonté de faire bouger les choses » en faveur du secteur agricole.

« Ce dogme des prix bas, plus personne n'en veut, c'est le mal dont on crève tous et pas seulement les agriculteurs », a fustigé quant à lui Richard Panquiault, le directeur général de l'Ilec (industries alimentaires de marques nationales). Cette guerre des prix, « 95 % de nos adhérents disent qu'elle a des conséquences sur l'embauche et l'investissement », a-t-il insisté, précisant qu'ils ont « accusé près de 20 % de déflation ces derniers temps ».

Un constat partagé par Dominique Chargé, président de la Fédération nationale des coopératives laitières, pour qui il faut « arrêter d'être des techniciens de la marge pour devenir des techniciens des valeurs ».

Cette belle unanimité s'est cependant heurtée à l'absence, à cette conférence, du premier groupe de distribution français, Leclerc, dont le patron, Michel-Edouard Leclerc, a récemment accusé « certains industriels et des distributeurs » de préparer « des hausses de prix de 5 % à 15 % sur des milliers d'articles alimentaires (...) en marge des Etats généraux ».

« Querelles corporatistes »

Si tout le monde - ou presque - s'accorde à dire qu'il faut en finir avec la guerre des prix, quelles sont les solutions à envisager ? Deux pistes sont évoquées : la majoration du seuil de revente à perte (SRP), au cœur des EGA, et une limitation des promotions, en valeur comme en volume.

Des réformes qui ne sont cependant pas du goût de tous : dans une lettre ouverte au président de la République, les quatre principales associations de consommateurs (UFC-Que choisir, Unaf, CLCV et Familles rurales) expriment mardi leur « plus vive inquiétude et opposition quant à l'éventuel relèvement du SRP », qui se traduirait selon elles, « dès 2018 par une hausse des prix de 2,4 % sur les rayons concernés (les produits des grandes marques, ndlr), soit 1,4 milliard d'euros ». 

Pour certains industriels agroalimentaires, la balle est désormais du côté du gouvernement : « on veut une intervention des pouvoirs publics car ce n'est plus soutenable », a estimé Richard Panquiault. S'il est nécessaire de « s'assoir un peu sur le libéralisme », l'Ilec n'est pas contre « des mesures dirigistes » prises « de façon provisoire » par le gouvernement.

Quant à M. Leclerc, qui a confié à l'AFP être « plutôt optimiste » sur le déroulement de ces négociations annuelles, il espère aussi « que les querelles corporatistes ne casse(ro)nt pas le rythme de la consommation ». Le distributeur s'est même payé une pleine page de publicité dans le Journal du Dimanche ce week-end pour proclamer qu'il disait « oui » à la revalorisation des produits agricoles, mais « non » à l'augmentation des prix de vente aux consommateurs. Et de conclure : « si les pouvoirs publics nous demandent de garantir un prix sur le porc ou le lait (...), dans un cadre légal, eh bien, nous l'appliquerons ».

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