Alors que la Commission des comptes de l’agriculture nationale a dévoilé ce jeudi 14 décembre ses prévisions pour l’année 2017, les Chambres d'agriculture ont réalisé une analyse de ces prévisions. Elles estiment que 2017 était « une année de rattrapage ».
Après l'année 2016 catastrophique dans les secteurs des céréales et oléagineux, du lait et de la viande bovine, les Chambres constatent un retour à la normale dans ces secteurs en 2017, permettant une augmentation du revenu agricole de + 22,2 %. « Une partie de l’amélioration du revenu agricole tient à une baisse du prix des intrants, expliquent les Chambres d'agriculture. A noter que la stratégie de maîtrise des achats adoptée par les agriculteurs est toujours à la merci de la hausse des prix des intrants. »
Concernant le lait, l'analyse conclut : « La hausse exceptionnelle du prix du beurre en 2017 a marqué les esprits ; elle a été la manifestation la plus forte de la situation des marchés de produits laitiers où la reprise de la demande mondiale a tiré les prix vers le haut. Du côté des volumes, la production est repartie à la hausse dans la plupart des grands pays producteurs. En France, ce mouvement s’amorce durant l’été et globalement, le volume annuel de lait est stable par rapport à 2016. L’année 2017 apparaît comme un répit dans une économie laitière incertaine et parfois brutale. »
L'accalmie du secteur laitier a d'ailleurs profité à la viande bovine : « Ces dernières années, la production de viande bovine avait été entraînée par les déséquilibres du marché laitier : afflux de vaches de réforme qui ont déstabilisé l’offre. L’accalmie dans le domaine laitier observée en 2017 impacte positivement le secteur de la viande bovine (les volumes reculent). Dans le même temps, la demande est soutenue à l’export mais reste en berne sur le marché domestique ; malgré tout, les prix renouent avec la hausse. »
Au niveau emploi par contre, « l'érosion se poursuit » affirme le collectif : le nombre d'actifs non-salariés des exploitations agricoles a baissé de - 77 % entre 1970 et 2017.
Enfin, les Chambres invitent à la prudence : « Ces résultats se doivent d’être attentivement examinés car ils reflètent la situation de l’agriculture française, dans un contexte où les prix s’inscrivent dans un cycle baissier, et où le libre-échange se généralise par la voie des accords commerciaux préférentiels, ouvrant davantage le marché européen aux productions canadiennes (Ceta), ukrainiennes, demain celles du Mercosur. Et ce alors que la Commission européenne commence à ébaucher les contours de la prochaine Pac dans un contexte budgétaire européen préoccupant. Le sursaut constaté sur le revenu des agriculteurs apparaît de ce point de vue bien précaire. »