La seconde édition du Cofarming Fest, organisée le 24 janvier dernier à Paris, a permis à de nombreux utilisateurs de solutions collaboratives de partager leurs expériences. Éleveur de volailles, Dominique Froment estime avoir sans doute « trouvé des solutions concrètes à mettre en œuvre sur son exploitation ». Comme lui, plusieurs agriculteurs ont exposé leurs problématiques récurrentes pour l’exercice de leur métier. La journée d’échanges a surtout permis aux acteurs de la mise en réseau d’identifier des freins encore bien présents pour développer de nouvelles offres de services.
En témoin extérieur, Laure Wagner, la toute première salariée de Blablacar, a expliqué les clés de la réussite de l'application. Pour ce qui est aujourd’hui la principale plateforme de covoiturage en France et en Europe, il s’agissait d’instaurer la confiance entre les conducteurs et leurs passagers en offrant de la transparence (photo, profil, voire scan de la pièce d’identité) et de l’engagement (paiement à l’avance en ligne). Résultat : le passage à ce mode de fonctionnement a fait passer de 30 % à 2 % le taux de non-présentation des passagers.
Dans le secteur agricole, la principale difficulté est ailleurs. L’un des facteurs clés de succès reste l’anonymat de l’utilisateur, permettant ainsi une comparaison non biaisée des données d’exploitation. La vision que « mon voisin est un concurrent » est un handicap certain au déploiement des plateformes collaboratives.
Des agriculteurs en « coopétition » entre eux, et non en « compétition »
Ceci dit, dans l’immense majorité des cas, les agriculteurs ne sont pas en compétition mais en « coopétition » entre eux sur des marchés à filière longue. La coopétition consiste pour une entreprise à conserver son intégrité tout en partageant certaines de ses ressources avec certains de ses concurrents.
Pour la majorité des solutions collaboratives créées dans le domaine agricole, la principale difficulté est d’atteindre un volume critique d’utilisateurs afin que la proposition de la valeur ou le service effectivement rendu ne soit pas hypothétique mais bien réel. L’intérêt d’un service collaboratif en ligne est bien d’obtenir une réponse rapide et positive à une demande par un autre utilisateur.
Pour Anaël Bibard, cofondateur de Farmleap, une solution de comparaison de données technico-économique, « les preuves des gains pour les agriculteurs sont là ». « Nos utilisateurs nous disent que l’intelligence collective est une véritable source de progrès, et que les comparaisons donnent envie de progresser ».
Un échange de parcelles bénéfique en temps et en argent
De plus, le système informatique offre un gain de temps aux conseillers pour préparer leurs documents de travail. En sollicitant les services de la plateforme Echange Parcelle, Xavier Dufour confie avoir pu rapprocher de son site d’exploitation 20 ha qu’il cultivait auparavant à plus de 30 km. Résultat pour l’agriculteur : une économie de plus de 50 heures de trajet, mais aussi 50 €/ha de fongicide par an. Le gain sur son programme fongique est permis car il passe tous les jours dans ses champs pour observer et prendre la meilleure décision.
Philippe Fournier, quant à lui, s’est tourné vers Linkinfarm, interface de mise en relation d’agriculteurs et de prestataires de service. Pour les premiers, il s’agit de gagner du temps, de se désendetter, et de pouvoir bénéficier de matériel non présent sur l’exploitation. Pour les seconds, la plateforme offre un gain de temps, une optimisation de l’activité et de la trésorerie.
Dans l’Oise, une étude montre que le recours à un prestataire revient en moyenne à une économie de 70 €/ha, sans compter l’économie d’intrant potentiellement réalisable en bénéficiant indirectement de matériels performants, intégrant la coupure automatique de tronçons notamment.
Au cœur des ateliers participatifs du #CoFarmingFest
— Clément Mouly (@ClementMouly) 24 janvier 2019
Super démarche collaborative ?? pic.twitter.com/j8nPvvVG70