Entre un grand-père, exploitant agricole et maire du village durant 25 ans, et un père, également agriculteur et syndicaliste dans les organisations professionnelles agricoles (OPA), Rémi a de qui tenir. En reprenant leur ferme et leur sens de l'implication, il est leur digne successeur, d'autant qu'il a hérité à la fois de la fibre syndicale et de l'attrait pour la politique des générations précédentes, même s'il regrette d'avoir « trop peu connu son grand-père », un homme reconnu et apprécié, dont il « avait tant à apprendre » et qui a « fait considérablement évoluer la commune ».
Il s'engage d'abord chez les Jeunes Agriculteurs, au niveau régional puis national. Lorsque « j'en ai parlé à mon père, il m'a tout de suite encouragé », alors « je n'ai pas hésité », précise-t-il avec un profond respect envers celui qui « lui a toujours laissé choisir sa voie et lui a tout appris », lui disant quand il a voulu s'installer : « C'est le moment, je t'attends. »
« J'aime défendre les autres, c'est dans mes gènes »
En parallèle, Rémi est élu au conseil municipal en tant qu'adjoint au maire chargé de l'agriculture et du plan local d'urbanisme. Une fonction qu'il occupe depuis maintenant trois mandats. « J'ai beaucoup d'admiration pour l'engagement de mes prédécesseurs. Heureusement qu'il existe des gens comme eux pour défendre le métier d'agriculteur au risque de se voir marginalisés », confie celui qui a voulu prendre la suite pour qu'il y ait au moins un exploitant agricole parmi les conseillers et que « le mot agriculture ne devienne pas une idée intellectuelle ».
Toutefois, ce n'est pas toujours facile de la préserver, de l'artificialisation des terres notamment, lorsque la majorité des gens jugent que l'urbanisation est la seule voie de développement. Rémi a cependant réussi à créer une zone agricole protégée pour « empêcher de faire n'importe quoi avec le foncier ». Sa grande victoire puisqu'elle a permis l'installation de trois jeunes producteurs. Au départ, « on est plein d'illusions et d'envie, on fait même passer sa famille au second plan au profit de la collectivité, mais on s'aperçoit vite que la réalité est bien différente ». Au sein même de la municipalité, les intérêts divergent souvent, entraînant des conflits incessants...
- Prendre des responsabilités à l’extérieur de la ferme permet de lutter contre l’isolement en agriculture. Syndicales ou politiques, elles font grandir et s’épanouir.
- Les conseils municipaux ont besoin d’agriculteurs pour défendre les territoires ruraux et éviter qu'ils deviennent des zones habitables.
- Prendre conscience de son statut de chef d’entreprise, c'est déjà réussir son installation.
- Le développement de la ferme ne passe pas forcément par l’achat, la location est aussi possible.
- Il faut apprendre à faire face à un aléa climatique majeur, même s'il détruit une grande partie des cultures.
- Avoir une compagne, qui ne travaille pas sur l'exploitation, est un gage de sécurité. Mais quand elle la rejoint, c’est une réussite.

(© Editions France Agricole)
Retrouvez le témoignage complet de Rémi dans le livre de Sylvie et Christophe Dequidt, Le tour de France des jeunes talents de l'agriculture, paru aux Éditions France Agricole.
© Tous droits de reproduction réservés - Contactez Terre-net
Chargement des commentaires