Les actuels retraités, ainsi que ceux qui prendront leur retraite d'ici 2022, sont pour l'heure exclus des mesures de revalorisation des pensions actuellement proposées par le Gouvernement. (©Terre-net Média)
« Pour le secteur agricole, nous espérons qu'elle sera bénéfique », déclarait ainsi début décembre Christiane Lambert, la présidente de la FNSEA, pour expliquer pourquoi les agriculteurs ne se joignaient pas au mouvement social contre la réforme des retraites.
Début 2019, plus de 1,3 million de personnes (572 196 hommes et 744 585 femmes) bénéficiaient d'une pension au régime des non-salariés agricoles de la MSA, pour moins de 450 000 actifs. Les montants mensuels moyens pour les retraités ayant validé une carrière complète est de 953 euros pour les hommes et 852 euros pour les femmes, assure la MSA.
Dans ce contexte de faibles niveaux de pensions de retraite agricole, la réforme du Gouvernement, qui propose qu'un chef d'exploitation agricole ayant une carrière complète perçoive au moins 1 000 € net de retraite en 2022, puis 85 % du Smic à partir de 2025, permettra donc une hausse des revenus pour un bon nombre d'entre eux.
Si cette réforme améliore potentiellement le sort des futurs retraités agricoles, elle ne change rien à celui des 1,3 million de retraités actuels, ce dont s'inquiètent tous les syndicats. Pire, la revalorisation mise en avant ne concernera exclusivement que les retraités qui auront cotisé une carrière complète. La réforme ne résout pas le problème des faibles retraites de ceux qui n’ont pas cotisé une carrière complète (43 ans), un problème encore plus criant pour les femmes, les conjoints collaborateurs, les veuves et les aides familiaux.
Pour le statut de « conjoint collaborateur », traditionnellement réservé aux épouses travaillant sur l'exploitation, « comme il y a moins de cotisation, cela ne donnera pas ça », prévient Robert Verger, chargé de la question des retraites à la FNSEA, qui explique que les retraites de ces femmes n'atteindront jamais les 1 000 euros. Le syndicat majoritaire préconise qu'à l'avenir, le statut soit calé sur le même minimum de cotisation que les autres, mais « la mesure n'est pas encore arbitrée », souligne M. Verger.
« L'essentiel, c'est d'avoir une amélioration de la retraite, on n'a rien sans rien »
« Dans le système actuel, les conjoints collaborateurs ont un sous-statut discriminatoire par rapport aux chefs d'exploitation. Il faut absolument qu'il disparaisse », estime de son côté M. Tissot. Toutefois, ce statut est en train de s'éroder selon M. Verger : « aujourd'hui on a 65 % des conjoints collaborateurs qui ont plus de 50 ans ». La MSA ne comptait plus que 26 165 collaborateurs d'exploitation et 2 910 aides familiaux en 2018.
Sans oublier que le taux de cotisation va en contrepartie augmenter, passant de 21 % aujourd'hui à 28 %. « Mais la hausse de la cotisation va être compensée en partie par la baisse de l'assiette, elle ne sera que de 2,5 points », assure Robert Verger. Pour lui, « l'essentiel, c'est d'avoir une amélioration de la retraite, on n'a rien sans rien ».
© Tous droits de reproduction réservés - Contactez Terre-net
Chargement des commentaires