« La Pac de 2014 a perdu sa dimension européenne »

José Bové, député européen, vice président de la Commission Agriculture. (© Terre-net Média)

Selon José Bové, « la réforme de la Pac telle qu’elle a été approuvée est socialement injuste, écologiquement intenable, économiquement stupide et politiquement dangereuse ». Par rapport au projet initial présenté par la Commission européenne en octobre, la réforme a été vidée de son contenu. Elle met le glas de sa dimension européenne puisque toutes les flexibilités qu’elle contient, reviennent en fait à renationaliser la Politique agricole commune. Par exemple, le verdissement qui devait initialement reposer sur quelques mesures simples comporte dorénavant un cortège d’équivalence qui retire à ce dispositif tout son sens.

En fait, les pays ont joué « perso ». Stéphane Le Foll était ainsi satisfait du projet d’accord dès mardi soir car il a obtenu tout ce qu’il faut pour imposer par la loi d’Avenir (par voie incitative) ce qu’il pense ne pas obtenir par la Pac (par obligation) »

Le long processus engagé il y a dix-huit mois aboutit à ce que rien ne change pour que tout continue. Avec comme seul objectif que se sont donnés aussi bien la Commission, le Parlement et le conseil européens : boucler la réforme, même sous une forme incomplète, pour que la présidence lituanienne n’hérite pas du dossier. Ce seront des réunions techniques qui traiteront dans les détails ce qui n’a pas été fait d’ici la fin juin.

Sinon la démarche suivie pour réformer la Pac de 2014 est l’occasion de dresser un premier bilan de la codécision pour ce qui relève des questions agricoles. Avec un premier constat : le Conseil européen ne comprend pas que les décisions se prennent dorénavant à trois, collégialement avec la Commission européenne et le Parlement européen. Ce processus de réforme a été l’occasion de tester la méthode des trilogue qui s’avère bonne. Le Parlement européen a montré qu’il était capable de gérer la situation en tenant les temps ! »