« Réduire de 50 % en dix ans, moi je ne sais pas faire ! » Voilà résumée, non sans agacement voire colère, la réaction de Philippe Pinta, président de l’Agpb, à la présentation du plan Ecophyto 2 fin octobre 2015 par le ministre de l’agriculture. Après l’échec de la première version, Stéphane Le Foll a apporté les détails du plan visant à réduire de moitié l’usage des produits phytosanitaires dans les 10 ans qui viennent, avec notamment l’instauration, en juillet 2016, de certificats d’économies de produits phytos.
L’Agpb dénonce à la fois la méthode et le contenu du plan. « Nous aurions pu espérer un minimum de pragmatisme », explique le président des céréaliers de la Fnsea. L’association spécialisée dénonce le fait de ne pas avoir été suffisamment associée à la mise en place du dispositif, et ainsi devoir se conformer à un objectif strict de réduction « incompatible avec la variabilité technique et économique subie par les exploitations ». Plutôt qu’une méthode imposée, l’association aurait préféré qu’une négociation ait lieu au sein de FranceAgriMer, « le lieu pour avancer » puisqu’il réunit représentants de l’administration et responsables professionnels.
« Le système français qui consiste à restreindre est imbécile, tempête pour sa part Jean-François Isambert, le secrétaire général de l’AGPB. Si on veut que les producteurs descendent dans la rue, c’est un bon moyen. Les céréaliers en ont ras le bol. »
Une DPA plus souple en loi de finances rectificative
L’AGPB aurait souhaité un dispositif à l’Allemande « plus pragmatique ». Outre-Rhin, des fermes de référence permettent de voir quelles exploitations doivent faire des efforts. « En France, même les bons élèves devront réduire arbitrairement leur utilisation ». Surtout, l’AGPB dénonce le caractère figé des références, « à l’inverse de l’Allemagne, où les elles sont adaptées aux conditions de l’année ». En termes de pression phytosanitaire, une campagne ne fait pas l’autre. « En France, les fermes de référence ne servent que de vitrine. »
Devant la presse mardi 17 novembre 2015, les représentants de l’AGPB ont à nouveau dénoncé les entraves à la « liberté d’entreprendre ». Sur le plan économique, ils assurent qu’un amendement gouvernemental à la loi de finances rectificative permettra une plus grande souplesse d’utilisation de la DPA (dotation pour aléas).
« La DPA est un outil majeur dans un contexte de volatilité des prix. Car c’est le seul nous permettant de lisser le chiffre d’affaires et donc nos revenus. »