Mercredi, la Commission des Affaires économiques de l'Assemblée nationale organisait une table-ronde sur « la guerre des prix entre la grande distribution, l'agriculture et l'industrie agroalimentaire ». Un préambule à la réunion de jeudi à Bercy, où le ministre de l'Économie Arnaud Montebourg et celui de l'Agriculture Stéphane Le Foll vont réunir ces mêmes acteurs pour tenter de parvenir à des relations commerciales plus équitables.
Mais une nouvelle fois, les choses sont apparues mal engagées. Le président de l'Association nationale des industries alimentaires Jean-Philippe Girard a clairement expliqué qu'il demandera au gouvernement « un durcissement des contrôles et des sanctions » à l'encontre de la grande distribution quand celle-ci ne respecte pas les contrats. Henri Brichart, vice-président de la Fnsea, espère lui sans trop y croire que la réunion débouche sur une « forme de consensus sur les limites » de cette guerre des prix. Reprenant des arguments déjà développés par le passé, la grande distribution a botté en touche au nom de la défense du pouvoir d'achat des consommateurs, Michel-Edouard Leclerc expliquant même clairement : « si c'est pour nous faire remonter les prix, non, je ne le ferai pas ».
Les représentants de la grande distribution se sont néanmoins dits ouverts au dialogue et la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (Fcd), qui représente toutes les enseignes à l'exception de Leclerc, Super U et Intermarché, a émis deux propositions. La première : distinguer les Pme des grands groupes dans les négociations commerciales car « la réalité, c'est que 2/3 entreprises font 80 % du marché » et qu'elles ont de fait un pouvoir de négociation bien plus important que de petites entreprises, a expliqué Jacques Creyssel, le délégué général de la Fcd. En second, la Fcd a réitéré sa proposition d'arrêter de faire de la publicité pour les comparateurs de prix qui alimentent la bataille des prix. Une proposition à laquelle n'adhère pas l'enseigne indépendante Leclerc.
Début juin, l'Ania, Coop de France et Fnsea avaient interpellé Manuel Valls dans une lettre ouverte alarmante sur le sujet. Cette guerre aux prix bas dans l'alimentation « poursuivie, entretenue et amplifiée par les enseignes de la grande distribution » coûterait « 15.000 à 20.000 emplois », écrivaient-ils alors.