« Plusieurs centaines d'agriculteurs sont touchés dans l'ouest de la France » suite au passage de la tempête Ciaran, a indiqué dimanche le ministère de l'Agriculture à l'AFP, avec « des dommages par endroit importants dans le secteur du maraîchage et de l'horticulture sur les serres, les cultures de certains légumes de plein champ comme les choux-fleurs ou les poireaux ».
Ciaran a frappé de plein fouet la Bretagne, première région agricole française, où la production de légumes occupe une place importante. Les serres des maraîchers n'ont pas toujours tenu face aux vents record qui ont balayé la région dans la nuit de mercredi à jeudi.
Jonathan Chabert, maraîcher bio implanté à Plédéliac (Côtes-d'Armor) et adhérent à la Confédération paysanne, tente de recenser les dégâts.
S'il est trop tôt pour avoir une vue d'ensemble, « on estime à 30 hectares les serres écrasées », principalement en Bretagne, avec des bâches déchirées ou du métal plié par le vent, décrit-il.
#TempeteCiaran : En #Bretagne, et notamment en #Finistère @EmmanuelMacron
— Conf' Paysanne (@ConfPaysanne) November 3, 2023
👉 fermes en maraîchage lourdement impactées, serres détruites...
👉absence d'électricité = perte de lait, de viande, de produits transformés, faute de groupe électrogène.
Solidarité avec les paysan·nes ! pic.twitter.com/vGbnAs1w0w
La tempête a frappé à la période où « les serres sont quasi-pleines », avec la fin des légumes d'été et la mise en place des productions pour la saison suivante, explique le maraîcher.
Les conséquences sont immédiates, mais l'impact va encore se faire sentir « sur six mois, un an, un an et demi », s'inquiète Jonathan Chabert, le temps de déblayer, « de recevoir les nouvelles serres, de les monter ». « Une partie des légumes primeurs, qu'on apprécie au printemps ne seront pas là », craint-il.
Lait jeté
En Bretagne comme en Normandie, des éleveurs souffrent du manque d'électricité et d'eau.
Jean-Marc Thomas, installé à Rostrenen (Côtes-d'Armor) avec 80 vaches à viande, découvre « à tout moment l'ampleur des dégâts » sur son exploitation de 50 hectares et estime qu'il faudra deux mois pour déblayer les arbres cassés ou déracinés.
« Le bocage a énormément souffert de cette tempête », constate l'éleveur, adhérent à la Confédération paysanne, qui s'inquiète de la multiplication des catastrophes liées au changement climatique et d'une « double peine » pour les agriculteurs ayant conservé des haies.
Jean-Michel Hamel, qui possède 110 vaches laitières à Montsenelle (Manche), a retrouvé l'électricité et l'eau du réseau samedi. Mais ce n'est pas le cas de toutes les exploitations agricoles dans le département, s'inquiète le président de la FDSEA, quand une vache boit au bas mot une cinquantaine de litres par jour.
Les agriculteurs s'appuient sur des forages et la solidarité entre voisins pour se fournir en eau mais « certains sont au bout du rouleau », constate-t-il.
« La situation s'améliore mais pour ceux chez qui ça dure depuis quatre jours, ça devient critique », avertit Jean-Michel Hamel.
Les agriculteurs privés d'électricité se prêtent des génératrices. « Certains traient pour soulager les vaches mais le lait va dans les fosses à lisier », faute de pouvoir le conserver au frais, indique encore l'éleveur.
Calamité agricole
« On enchaîne les tempêtes, avec beaucoup de pluie, ça ne facilite pas le travail de remise en état », se désolait samedi le secrétaire général de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), Hervé Lapie, sur France Info, alors que la tempête Domingos a succédé à Ciaran.
Des cultures ont été « endommagées » par les rafales de vent et « des semis sont aussi perturbés » par les fortes pluies, a fait savoir l'agriculteur.
Emmanuel Macron a promis vendredi d'activer les régimes de catastrophe naturelle et de « calamité agricole pour ceux qui y ont droit » et de « mettre à contribution » les assureurs.
Vendredi soir, le ministère de l'Agriculture a précisé que les services départementaux de l'Etat vont « enclencher toutes les procédures de reconnaissance en calamités agricoles pour les pertes de fonds, et d'indemnité de solidarité nationale pour les pertes de récolte ».
Après le passage de la tempête qui a touché de nombreuses exploitations agricoles, @Agri_Gouv se tient aux côtés des agriculteurs, notamment dans le secteur du maraîchage.
— Marc Fesneau (@MFesneau) November 4, 2023
Comme annoncé hier par le Président de la République, les services départementaux de l’Etat vont poursuivre… https://t.co/i0wNzuOPxX pic.twitter.com/aJNlsaWgRe
Les pertes de récolte seront couvertes « y compris pour les agriculteurs non assurés, via l'indemnité de solidarité nationale (ISN) en cas de pertes catastrophiques ».
« L'urgence est à la relance de la production pour chaque agriculteur touché », souligne le ministère.