Les prévisions des principaux producteurs : Italie, Canada, Usa

« Compte tenu des éléments en notre possession, les semis canadiens devraient augmenter en 2011, probablement pour atteindre entre 1,6 et 1,8 million d’hectares. » En effet, « nous savons que les Canadiens sèment du blé dur en fonction de plusieurs critères : les stocks de fin de campagne, l’humidité du sol et les écarts de prix avec le blé tendre voire les autres cultures », résumait Crystel L’Herbier d'Arvalis-Institut du végétal. Sur la base de trois scénarii de rendement, la production canadienne devrait être comprise entre 3,5 et 4,2 Mt, soit un disponible exportable compris entre 3,8 et 4,5 Mt. Mais pour maintenir des exportations dans la moyenne des années précédentes, la production devra se situer dans la fourchette haute. « Nous savons par ailleurs que les risques d'obtenir une qualité moyenne à faible sont élevés, compte tenu du climat dans lequel se sont déroulés les semis 2010. »

Usa : des surfaces comprises en 0,8 et 0,9 million d’hectares

La situation aux Usa est différente, les semis étant conditionnés surtout par la concurrence avec les autres cultures. « 90 % des surfaces de blé dur sont concentrées dans le Montana et le nord Dakota, des zones où beaucoup de cultures sont possibles », poursuivait Crystel L’Herbier. Sauf qu’ici, le stock de début de campagne est plus élevé et confortable qu’au Canada, avec 1,2 Mt. « Grâce à ce stock de report conséquent, les Usa disposeront d’un solde confortable en fin de campagne (entre 1,7 et 2,3 Mt selon les scénarii), ce qui laisse supposer une baisse des surfaces pour valoriser d’autres productions plus rémunératrices, comme l’orge de printemps ou le colza. »

L'Italie devrait importer entre 2 et 2,2 Mt

« Nous fixons à 700.000 t le niveau de stock italien. Il ne s’agit que d’une hypothèse car nous avons du mal à estimer ce stock », explique Crystel L’Herbier. En effet, l’Italie enregistre de mauvaises conditions climatiques, défavorables à la culture depuis la deuxième quinzaine d’octobre. Le Nord de l’Italie devrait voir baisser ses emblavements de 35 % à 96.000 ha, le centre de 14 % à 235.000 ha, tandis que les conditions dans le Sud de l’Italie ont été propices à une légère augmentation des surfaces (+ 3 % à 748.000 ha). Au final, en fonction des hypothèses, le disponible varie entre 3,5 Mt (rendement faible) et 4,3 Mt (rendement élevé). « Nous fixons entre 2 et 2,2 Mt les besoins d’importations italiens en 2011/2012. »
En 2009/2010, la France a exporté 248.190 t vers l’Italie, son premier client dans l'Union européenne, soit deux fois moins que l’année précédente (534.090 t). « Les commerciaux avaient misé sur un redressement des cours en début de campagne, qui n’a pas eu lieu. »

Incertitudes sur les rendements au Maghreb

Au Maghreb, les conditions de semis ont été favorables dans les trois pays. Le Maroc devrait disposer de 0,9 Mha de blé dur, l’Algérie de 1,3 Mha et la Tunisie de 0,6 Mha. « Mais les incertitudes pèsent sur les rendements », note Crystel L’Herbier. Des mesures d’encadrement technique et économique ont été mises en place par les gouvernements (disponibilité de semences et engrais, prix garanti en Algérie). Au final, les besoins d’importation devraient varier entre 2 et 3 Mt en 2011/2012, en fonction des conditions climatiques.