Ces ministres venus du monde entier et réunis pour la première fois dans cette configuration depuis 2016 devront adopter « des objectifs communs » afin de répondre, selon elle, à un « grand défi » : nourrir un monde bientôt peuplé par 8 milliards d'habitants.
Quelles sont les urgences ?
Nous sommes très préoccupés par la situation actuelle. D'une part, on veut nourrir le monde, et bien le nourrir, d'autre part, il faut redoubler d'efforts pour lutter contre le changement climatique. Nous devons faire en sorte que notre agriculture soit toujours plus durable, plus résiliente face aux événements météorologiques extrêmes de plus en plus fréquents.
A cette crise climatique s'ajoute l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Il est tout à fait inacceptable d'utiliser la faim comme une arme de guerre, et j'espère que les corridors commerciaux pour le transport du blé et autres denrées alimentaires vont être rouverts pour de bon (entre les ports ukrainiens et le reste du monde, NDLR).
L'Ukraine est un très grand producteur agricole : plusieurs pays en dépendent pour leur sécurité alimentaire. Quand un acteur aussi important voit sa production et l'acheminement de ses produits compromis, cela a un impact très significatif.
Que peut faire le Canada, l'une des grandes puissances agricoles ?
Nous avons apporté une aide aux producteurs ukrainiens avec du matériel de stockage mobile de céréales. On travaille avec l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) pour faire en sorte qu'ils aient ces équipements, car de nombreux silos ou élévateurs à grains ont été détruits par les bombardements.
Avec la Nouvelle-Zélande (qui co-préside la réunion, ndlr), nous sommes de grands producteurs agricoles et nous sommes très motivés pour prendre notre part. Au printemps, les producteurs canadiens ont redoublé d'efforts pour produire plus de blé et essayer de compenser un peu ce que l'Ukraine ne sera pas en mesure de produire.
Nous sommes aussi un producteur important de potasse (un ingrédient des engrais dont la Russie était le premier exportateur mondial, ndlr). A toutes les rencontres internationales où je me rends, c'est l'un des premiers sujets que tous mes partenaires abordent.
À quelques jours de la COP27, quelles sont les pistes envisagées pour lutter contre les effets du changement climatique ?
Ces douze derniers mois, au Canada, nous avons été affectés par une sécheresse terrible dans les prairies, une inondation historique en Colombie-Britannique et un ouragan historique dans les provinces maritimes.
On sait que nos producteurs agricoles sont les premiers à subir les impacts des changements climatiques. On investit donc beaucoup dans la recherche, dans l'innovation, pour faire en sorte qu'ils aient par exemple des semences plus résistantes face à la sécheresse.
Le Canada est en train d'initier un projet de recherche à ce sujet sur le blé que l'on veut mener en partenariat avec d'autres pays. Ces semences seront mieux adaptées au climat de certains pays d'Afrique et du Moyen-Orient, dans un souci d'assurer la sécurité alimentaire.