L’été n’a pas été de tout repos pour la Confédération paysanne qui s’est mobilisée sur plusieurs fronts. En premier lieu, celui de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) qui a vu le syndicat s’opposer au ministère de l’agriculture et à la FNSEA sur le sujet de l’abattage total, qu’il juge disproportionné au regard de la maladie. « La Confédération paysanne réclamait une autre approche de cette crise sanitaire », explique l’un de ses porte-parole, Stéphane Galais, le 3 septembre. Alors que le réchauffement climatique rend inévitable la multiplication de ce type d’évènements, « on ne peut pas accepter de se retrouver sans anticipation et sans concertation », ajoute-t-il. « Ce qui nous a vraiment meurtris, c’est la pression, la culpabilisation, par les services de l’État, le réseau FNSEA, et le ministère », abonde Fanny Métrat, également porte-parole. La Conf’demande « un changement de paradigme au niveau de l’État et une réelle concertation », afin que les agriculteurs puissent réellement s’approprier les mesures, explique Stéphane Galais.
Des crises climatiques qui appellent une remise en cause du système
Outre la DNC, c’est également la sécheresse qui a marqué l’été dans 45 départements, indique Fanny Métrat, qui s’insurge qu’en parallèle, « on continue à nous prôner les mégabassines, les marchés carbone, au lieu de remettre en question le système dans son ensemble ». Le vote de la loi Duplomb, puis la censure de la réintroduction de l’acétamipride par le Conseil constitutionnel, ont mis sur le devant de la scène l’opposition des modèles agricoles. La Conf’, qui s’inquiète de la préparation d’une nouvelle loi, demande de son côté l’activation d’une clause de sauvegarde pour empêcher les produits traités à l’acétamipride d’entrer sur le territoire français.
Pour le syndicat, il s’agit de « lutter contre un système qui utilise les pesticides comme arme de compétitivité », insiste Stéphane Galais. « Derrière la loi Duplomb, c’est la restructuration de l’agriculture qui se prépare », avec un agrandissement des fermes et une disparition progressive des paysans, redoute-t-il. « La vraie réponse devrait être de lutter en commun pour des moyens de protection des paysans et des paysannes », ajoute-t-il. La Conf’défend une agriculture « qui répond aux enjeux d’alimentation accessible à tous et partout », à travers la lutte contre le gaspillage alimentaire, les projets alimentaires territoriaux, les produits locaux dans la restauration collective, mais aussi la lutte contre la concurrence déloyale, notamment dans le cadre des accords de libre-échange. La Confédération paysanne se mobilisera d’ailleurs le 4 septembre à Bruxelles contre l’accord UE-Mercosur.
Un fonds mutuel et solidaire face au risque climatique
Alors que les crises climatiques pénalisent la production agricole, le syndicat constate également « l’échec total de la réforme du système assurantiel », dénonce Thomas Gibert, porte-parole national. Ce dernier rappelle que seulement 18 % des fermes étaient assurées en 2024, et que certaines filières ne sont toujours pas couvertes par le dispositif. La Conf’propose à la place « un fonds mutuel et solidaire », universel, dont tous les agriculteurs pourraient bénéficier et financé par l’ensemble de la filière, notamment l’aval.
Le syndicat mobilisé le 10 septembre
Dans ce contexte, le syndicat espère que la rentrée sociale sera « explosive » et sera mobilisé le 10 septembre. « Le vote de confiance le 8 ne changera rien à notre détermination, on ne va certainement pas pleurer sur ce gouvernement libéral qui n’a pas cessé de lancer des attaques sur le monde paysan », précise Thomas Gibert. « On attend toujours des réponses concrètes aux colères agricoles pour vivre dignement de notre métier », ajoute-t-il.