Après vérification de la conformité des demandes d'indemnisations faites par leurs producteurs de fruits et légumes, les Etats membres n'ont finalement réclamé que quelque 37 millions d'euros sur la première enveloppe de 125 millions d'euros débloquée en août, selon la Commission européenne. Cette économie a été rendue possible par un tri des demandes polonaises : chiffrées en septembre à 147 millions d'euros, un montant jugé « disproportionné » par la Commission, elles ont été ramenées, après contrôle, à 25,8 millions, selon une source européenne.
Le principal lobby agricole européen, la Copa-Cogeca, a réclamé que les millions d'euros non affectés de cette première enveloppe restent disponibles pour de nouvelles mesures de soutien au secteur agricole face à l'embargo russe. « Le montant d'aide restant, estimé à quelque 85 millions d'euros, doit être utilisé pour un nouveau régime visant à prévenir l'effondrement complet du marché », a plaidé l'organisation dans un communiqué. Elle a appelé à une aide aux filières porcine et bovine, et à plus d'indemnisations aux producteurs laitiers, les plus touchés par la fermeture du marché russe.
A la suite de la surenchère polonaise, Bruxelles avait durci les règles d'attribution des aides successives destinées à amortir les effets de l'embargo russe. Depuis l'entrée en vigueur début août de cette mesure russe, l'UE a dégagé au total une ligne de crédit de 344 millions d'euros en faveur des maraîchers et du secteur laitier. Sur fond de restrictions budgétaires, l'exécutif européen a décidé que ces fonds seront puisés dans la réserve de crise prévue par la Politique agricole commune, dotée pour 2015 de quelque 432 millions d'euros et abondée via une coupe de 1 % dans les aides directes aux agriculteurs. Cette décision a ulcéré le secteur, qui s'estime victime collatérale de la diplomatie européenne, l'embargo russe visant à riposter aux sanctions économiques prises par l'UE contre Moscou pour sa déstabilisation de l'Ukraine.