« Je suis en colère car structurellement, on ne voit rien bouger », a déclaré devant la presse le président du syndicat Xavier Beulin. « Nous attendons que le ministre prenne une initiative forte à Bruxelles pour que sur cette situation de marché, sur cet embargo russe, sur cette nécessité d'avoir un minimum d'information pour le consommateur à travers un étiquetage sur l'origine (les choses) bougent et que le premier pays agricole redonne un peu de sens à cette politique agricole européenne », a-t-il clamé.
Xavier Beulin a ensuite listé les sujets sur lequel on a « fait un enfant dans le dos » aux agriculteurs : « le compte pénibilité, la complémentaire santé (pour les travailleurs), le plan Ecophyto 2, la méthanisation, et le stockage de l'eau ». « On attend aussi que tous les engagements pris notamment sur les réglementations soient non seulement tenus mais se mettent en œuvre dès maintenant », a-t-il ajouté.
Le gouvernement « a annoncé hier près d'un milliard d'euros d'aide », a-t-il rappelé. Mais selon lui, « la réalité, c'est 400 millions d'euros qui ont été engagés sur fonds publics qui viennent en plus de ce qui est consenti à l'agriculture chaque année ». De plus, selon le syndicaliste, « sur ces 400 millions, il y a 187 millions engagés sur le terrain ». Xavier Beulin demande donc que le reste de la somme soit lui aussi engagé.
« Si (le ministre) annonce déjà à la Commission qu'il y croit pas, on est sûr d'être ramassé », s'est insurgé mercredi Xavier Beulin, qui dit attendre de Stéphane Le Foll qu'il convainque ses collègues pour que la Commission adopte cette mesure. Le ministre a répondu mercredi soir lors des voeux aux parlementaires qu'il était « prêt à mener la bataille au niveau européen mais je vous donne les limites que mettent les autres pays ». De toute façon « ça ne va pas se faire en 6 mois », selon lui. Le ministre a également rappelé qu'en 2012 le total d'allègement de charges pour les agriculteurs était de 1,6 milliards d'euros. « On est passé avec le CICE et le pacte de responsabilité à plus de 4 milliards, et en 2017 ce sera 4,3 milliards, c'est-à-dire plus que le budget de l'agriculture. » Le ministre de l'agriculture a annoncé hier une rallonge de 125 millions d'euros au plan de soutien à l'élevage déjà doté de 700 millions d'euros, ainsi que des mesures spécifiques pour les filières touchées par les épizooties de 165 millions d'euros.
Le président de la FNSEA a rappelé que le salon de l'agriculture approchait et qu'il espérait « que d'ici là ça va un peu bouger ». « Je n'accepterai pas qu'au salon de l'agriculture on ait ce rituel très sympathique de la part de tous les politiques : on vient tapoter le cul des vaches. Il faudra que celui qui vient au salon ait quand même une grande conscience de la situation actuelle et qu'il ait quelques engagements sur lesquels on vérifiera qu'il est capable de les tenir derrière », a-t-il déclaré.