Le patriotisme alimentaire, nouveau cheval de bataille frontiste

Le parti a tenu en début de semaine une conférence de presse consacrée à cette seule thématique, l'occasion de dévoiler les 10 mesures d'urgence qu'il préconise pour faire face à la crise qui secoue le monde paysan. Etiquetage des produits, fin de l'embargo russe, ou encore arrêt des négociations sur le traité transatlantique, le déroulé des mesures mêle programme de sortie de l'euro et stratégie diplomatique du FN.

Pour Philippe Loiseau, eurodéputé et céréalier de formation, il «faut une renationalisation de l'agriculture», son voisin d'hémicycle Edouard Ferrand prônant le «produire Français, en France pour des Français». «C'est dans la parfaite continuité du FN, seul l'habillage change», analyse Sylvain Crépon, spécialiste de l'extrême droite à Paris X-Nanterre. Une analyse que ne contredit pas Edouard Ferrand, pour qui le patriotisme alimentaire est «un des maillons de la chaîne de la souveraineté du pays et de la sortie de l'Europe». A travers cette thématique de la souveraineté agricole et alimentaire, le FN entend conquérir davantage le monde rural, même s'il constitue déjà «une base électorale».

Pour Nonna Mayer, sociologue spécialiste de l'extrême droite, le FN a percé dans le monde rural dès 2002: «le FN a fait plus de 20% surtout auprès des ouvriers, des petits commerçants et les agriculteurs». Une percée improbable auparavant, car «les agriculteurs cumulaient des facteurs qui faisaient obstacle. Ils étaient syndiqués, très pratiquants et suivaient les opinions politiques des notables».

Utiliser des produits locaux

Le monde rural semble réceptif aux appels du Front National, mais le sociologue Sylvain Crépon insiste sur la nuance à apporter au sein de l'électorat lui-même. S'il concède au parti frontiste «une part importante d'électeurs dans le monde rural», c'est surtout «l'électorat péri-urbain qui prime», avec des professions pas nécessairement en lien avec le monde agricole. Les agriculteurs constituent néanmoins «un très fort bataillon électoral». Au-delà d'une source de voix, le monde paysan s'inscrit dans la tradition, » cette dimension de la paysannerie, de la ruralité, c'est un aspect de l'idéologie de l'extrême droite qui est très important», analyse Sylvain Crépon, ajoutant qu'il y a là «tout un champ sémantique de l'idéologie de l'extrême droite qui remonte à la fin du XIXe siècle, avec Maurice Barrès».

Pour susciter des voix auprès des agriculteurs, le FN pourrait ainsi »montrer qu'il s'approprie cette problématique parce que c'est vraiment associé à l'identité française». Il est moins sûr que le soutien agricole appuie l'argumentaire de sortie de l'euro selon Sylvain Crépon: «le monde paysan a quand même bien conscience des aides dont il bénéficie de l'Europe (...) il n'est pas sûr qu'il soit aussi réceptif que ça sur la nécessité de rebasculer dans une agriculture localisée». Dans le discours tenu sur la souveraineté alimentaire visant aussi les consommateurs lambda, Edouard Ferrand évoque «la favorisation des circuits courts», ou encore l'incitation «des collectivités territoriales à utiliser des produits locaux»

Inscription à notre newsletter

NEWSLETTERS

Newsletters

Soyez informé de toute l'actualité de votre secteur en vous inscrivant gratuitement à nos newsletters

MATÉRIELS D'OCCASIONS

Terre-net Occasions

Plusieurs milliers d'annonces de matériels agricoles d'occasion

OFFRES D'EMPLOIS

Jobagri

Trouvez un emploi, recrutez, formez vous : retrouvez toutes les offres de la filière agricole

Réagir à cet article