Alors que le chantier 1 des Etats généraux de l'alimentation et ses sept ateliers thématiques touchent à leur fin, l’agroéconomiste Jean-Marie Séronie estime que les décisions qui seront prises à leur issue devront concerner, outre la stabilisation des prix et des revenus pour les agriculteurs, mais aussi l’adaptation des entreprises agricoles au « nouveau contexte » et « l’amélioration de leur efficience » économique.
Car, justifie-t-il, « on constate depuis des années des écarts de performances de plus en plus importants entre exploitations d’une même région et dans une même production. Le facteur prix, s’il est important, est loin d’expliquer la situation difficile d’un nombre croissant d’agriculteurs. »
Et le spécialiste de citer un exemple : « en éliminant les cas extrêmes, l’efficacité technique (valeur ajoutée par hectare) varie du simple au double et l’efficience (valeur ajoutée par UTH) varie du simple au triple pour une même production. En système laitier, en se limitant à la moitié des exploitations situées autour de la médiane, l’écart de marge brute représente déjà 20 % du prix du lait. »
Certes, les Etats généraux de l’alimentation doivent absolument aboutir à des outils permettant une stabilisation des revenus des producteurs. « L’outil fiscal est essentiel et c’est un levier que le Gouvernement maîtrise à 100 % », explique l’économiste qui propose notamment « une provision pour risque, librement accessible dans sa dotation et sa reprise, mais limitée en encours et en durée ».
Surtout, Jean-Marie Séronie plaide pour des orientations qui agissent sur la compétitivité des exploitations. « Il faut favoriser les alliances pour limiter les investissements, mais aussi réorienter la chaîne publique et para-publique de conseil. Cela passe par des ciblages d’agriculteurs et une réorientation des fonds publics de développement ».
Par ailleurs, « il faut un véritable plan de sortie honorable du métier et de reconversion ». Et pour ceux qui ne peuvent ou ne veulent envisager une reconversion, « il faudrait imaginer un nouveau statut de collaborateur non salarié », sans oublier « la nécessité de réviser le statut du fermage ».
Le spécialiste met en avant de nombreux axes de travail. Mais il n’est pas certain, et même plutôt peu probable, que les Etats généraux de l’alimentation, aussi denses soient-ils dans les problématiques abordées, débouchent sur autant de réformes.