Pendant les quatre jours du salon, qui se terminait vendredi, se sont notamment succédé dans les allées l'ancien ministre de l'Économie Emmanuel Macron, à qui l'on prête de grandes ambitions, le ministre de l'agriculture Stéphane Le Foll, mais aussi de nombreux candidats à la primaire de droite, dont François Fillon, Alain Juppé ou Bruno Le Maire, déjà présents il y a quelques semaines à la foire agricole de Châlons-en-Champagne, et Jean-François Coppé. Sans oublier Nicolas Dupont-Aignan. Une fidélité au monde paysan, qui a voté à 44 % pour Nicolas Sarkozy au premier tour à la présidentielle de 2012, selon une étude de l'Ifop, mais qui n'a guère fait recette à Rennes auprès des agriculteurs interrogés par l'AFP.
Des agriculteurs qui soulignent tous la dureté de leur labeur et les crises à répétition qui touchent l'agriculture, que ce soit dans les secteurs de l'élevage (bovins ou porcs), ou dans la production de légumes, de lait ou d'oeufs. « Les hommes politiques, ils ont tous de belles solutions à nous proposer, mais plus les années passent, plus les problèmes demeurent et s'aggravent », explique un éleveur de Blondes d'Aquitaine, à côté de ses vaches. « Quand ils sont en campagne, on ne sait plus si on doit les croire », renchérit son voisin, anonymement, alors que le Commissaire européen à l'agriculture Phil Hogan, peu identifié physiquement par les agriculteurs, effectue une visite dans une relative indifférence.
« On a affaire à des énarques qui sont déconnectés du terrain »
Droite ou gauche, « ce sont des gens qui brassent beaucoup de vent pour ne rien dire », regrette un peu plus loin un autre éleveur, en train de brosser la robe marron et blanche d'une vache Simmental, quelques minutes avant qu'elle ne participe au concours interrégional de cette race. « Je suis déçu », ajoute ce Mayennais, qui tient lui aussi à rester anonyme. « Pas en colère, parce que j'aime ce que je fais, mais on a affaire à des énarques qui sont déconnectés du terrain. C'est de pire en pire », dit-il. « Il n'y a plus de considération pour notre métier », estime-t-il.
« Ils se montrent, ils serrent des mains, mais ils ne font que ça, pour préparer les élections », tempête une éleveuse, à la tête d'un troupeau de 30 vaches allaitantes en Ille-et-Vilaine.
Pierre Besançon, un éleveur de Haute-Saône, s'active dans l'enclos d'Hantasia, une Montbéliarde de quatre ans, « un peu malade, comme son patron qui ne supporte plus la crise », plaisante-t-il.
Mais le cœur n'est pas à la rigolade. « Le blé est à 100 euros la tonne. Il faudrait qu'il soit à 250 euros. En viande, il manque 1,5 euro par kilo. Le lait, il était en équivalent euro à 32 centimes en 1985, il est aujourd'hui à 27 centimes », énumère-t-il. « On nourrit les hommes mais on ne peut pas vivre de notre métier. Ça ne peut pas coller », dit-il, avec le gouvernement en ligne de mire. « La politique du gouvernement actuel, ça ne va pas », déplore-t-il, assurant qu'il avait interpellé Macron et Le Foll durant leur visite. Des politiques, il attend qu'ils « mouillent le maillot », qu'« ils nous défendent ». « On est les laissés-pour-compte, ça me révolte. »
Changement de décor du côté des enclos des ovins. Jean-Paul Rault, éleveur de moutons vendéens, est moins véhément que ses collègues. Peut-être parce qu'« on est moins en crise que dans les bovins », note-t-il. « La production ovine a souffert pendant 20 ans », des années marquées par « un manque de revenus ». « Mais aujourd'hui ça va mieux, on arrive à valoriser les agneaux », dit-il.