La liste indépendante « Unis pour notre avenir » totalise 41 % des suffrages, devant celle des syndicats majoritaires FDSEA et Jeunes agriculteurs (JA), avec 25 %. La Confédération paysanne recueille 18% des suffrages et la Coordination rurale (CR) 15 % des voix.
Environ 4 800 agriculteurs étaient appelés aux urnes. C'est la première fois qu'une liste indépendante totalise le meilleur score en Haute-Garonne, un département où le revenu agricole est parmi les plus bas de France.
« Le monde agricole a besoin de changement. On veut casser le système. Il y a une fracture entre le terrain et le syndicalisme. Nous sommes une région oubliée, on ne se sentait plus représentés, les syndicats se sont trop éloignés de la base », a déclaré à l'AFP Jérôme Bayle, après avoir pris connaissance des résultats.
Le blocage de l'autoroute A64 à Carbonne, en Haute-Garonne, durant le mouvement de protestation des agriculteurs début 2024 a débouché sur la création de l'association des Ultras de l'A64, à l'origine de la création de cette liste de rupture.
« On veut que notre avenir soit dicté par des agriculteurs du territoire, et pas par des décisions qui tombent de Paris », a ajouté M. Bayle.
Après la proclamation des résultats, le président sortant de la chambre d'agriculture de Haute-Garonne, Sébastien Albouy (JA), s'est contenté de saluer la victoire de la liste indépendante.
Dans ce département, qui s'étend des Pyrénées au vignoble de Fronton, au nord de Toulouse, les éleveurs ont été touchés en 2024 par la maladie hémorragique épizootique (MHE); les céréaliers de la plaine de la Garonne craignent pour l'accès à l'eau, alors que l'étalement urbain de Toulouse avale les terres agricoles.
« Quand certaines listes ne sont pas suffisamment incarnées, peinent à identifier des signaux faibles, à prendre le pouls de certaines situations, cela favorise l'émergence de figures comme Jérôme Bayle », analyse François Purseigle, sociologue et professeur à l'Ecole nationale supérieure agronomique de Toulouse (INP-ENSAT). « Les agriculteurs se sentent de plus en plus isolés, ils ont besoin de se retrouver, et le mouvement des Ultras de l'A64 a réussi à les fédérer », estime l'universitaire.
Christian Dequé, pressenti pour devenir le nouveau président de la chambre, a déclaré à l'AFP que la victoire de sa liste est liée au fait que « les syndicats historiques obéissent trop à une hiérarchie nationale et régionale. Les spécificités locales ne sont pas suffisamment prises en considération ».
