Pour le Crédit agricole, 2021, année de reprise après la crise sanitaire, aura été une excellente année avec 8,2 milliards de prêts accordés aux agriculteurs, soit une progression de 7,8 % par rapport à 2020. Ce regain d’investissement est tiré par les projets dans les énergies renouvelables, avec des demandes de crédit qui ont augmenté de 78 % en méthanisation et de 62 % dans le photovoltaïque.
2022, une année complexe
2022 a débuté sur la même tendance, avec + 8 % des réalisations sur le premier semestre. Depuis, la guerre russo-ukrainienne a mis un coup d’arrêt aux prévisions de croissance. La flambée sur le cours de l’énergie et des matières premières a sonné le retour de l’inflation. « 2022 sera une année complexe. Si les cours de nos productions ont bénéficié d’une hausse, c’est aussi le cas de nos approvisionnements, ce qui complique la situation de l’agriculture, partage Jean-Paul Kerrien, président de Crédit Agricole Bretagne, lors des présentations des résultats agricoles de la banque verte à l’occasion du Space. Pour répercuter nos hausses de coût de production et améliorer la répartition de la valeur ajoutée dans la filière, les négociations commerciales sont un sujet prégnant et ô combien compliqué ».
Les efforts de souveraineté alimentaire semblent pourtant porter leurs fruits. « Les prix alimentaires ont augmenté mais moins que chez nos voisins, note Jean-Christophe Roubin, directeur du marché de l’agriculture à Crédit Agricole SA. Alors qu’en France, l’inflation globale est de 6 %, elle est de 7 % si l’on regarde seulement les produits alimentaires. En Allemagne, l’inflation est de 7 % et de 14 % pour les produits alimentaires. Au Royaume-Uni, où les prix alimentaires étaient déjà élevés, l’inflation pourrait atteindre les 18 à 20 % »
#SPACE"En France l'inflation alimentaire est à 7% alors qu'en Allemagne elle est à 14%, 20 % au Royaume Uni d'ici la fin de l'année. Soulignons dc la résilience du système alimentaire français par rapport à nos pays voisins" Jean-Christophe Roubin dir marché agri @Credit_Agricole pic.twitter.com/drnJBWMyZf
— Lénaïck HEMERY (@Lenaick_Hemery) September 13, 2022
Peu de visibilité sur 2023
Les perspectives sont floues pour 2023. Si les prix restent élevés, cela aidera à compenser la hausse des intrants. « Sinon, on risque l’effet ciseaux. Reste à savoir quelles capacités auront les Français à payer plus pour l’origine France », questionne Jean-Christophe Roubin. Déjà des signaux indiquent des secteurs à la peine : décapitalisation dans les cheptels bovins, baisse de la consommation en bio, baisse de la production de volailles suite aux épisodes d’influenza aviaire. « A ces incertitudes, s’ajouteront de nombreux départs en retraite en 2023 avec un manque de repreneurs », constate Michèle Guibert, secrétaire générale de Crédit Agricole Bretagne.