« Nous députés et sénateurs, appelons nos collègues de l'Assemblée et du Sénat à voter l'interdiction de tous les néonicotinoïdes sur l'ensemble du territoire français à partir du 1er janvier 2016 », indique le texte cosigné par une majorité d'élus de gauche (PS et Eelv), mais aussi de l'Udi (Bertrand Pancher, Chantal Jouanno notamment) ou Nathalie Kosciusko-Morizet (LR).
Cet appel a été formellement lancé mercredi lors d'un forum à l'Assemblée au cours duquel les syndicats professionnels d'apiculteurs et Ong environnementales ont témoigné, et les scientifiques fait part des connaissances sur l'interaction entre néonicotinoïdes et abeilles. Selon plusieurs études, les néonicotinoïdes attaquent le système nerveux des pollinisateurs, provoquant une perte d'orientation spatiale fatale à ces insectes.
L'interdiction totale des néonicotinoïdes au 1er janvier 2016 a été votée en première lecture à l'Assemblée en mars dans le projet de loi sur la biodiversité, et contre l'avis du gouvernement. « Mais la bataille n'est pas gagnée », a souligné le député PS Jean-Paul Chanteguet en ouverture du forum, en rappelant que le passage au Sénat du texte avait été repoussé à l'automne.
« Les industriels ne devraient pas sous-estimer le rejet par la population d'un comportement de maximisation du profit, qui s'accompagne d'un discours trompeur tant sur l'innocuité des néonicotinoïdes que sur l'absence d'alternatives », a ajouté le président de la commission développement durable de l'Assemblée.
Une pétition lancée il y a quelques semaines et relayée par plusieurs Ong (Fondation Hulot, Fne, Générations futures, etc.) et des syndicats d'apiculteurs pour réclamer un moratoire sur tous les néonicotinoïdes a recueilli près de 75.000 signatures. La pétition intitulée « halte au massacre des abeilles » explique qu'un moratoire « doit ensuite permettre au gouvernement français de continuer à porter cette cause sanitaire et environnementale majeure à l'échelle européenne ».
La Commission européenne a mis en place depuis deux ans un moratoire sur trois néonicotinoïdes sur certaines cultures. Elle procède actuellement à une réévaluation des effets de ces substances à la lumière des nouvelles données scientifiques.
Deux fabricants, le Suisse Syngenta et l'Allemand Bayer, ont contesté le moratoire européen devant la Cour de justice de l'UE.