Cette procédure, cruciale pour le projet, avait été relancée après l'annonce, le 30 octobre par l'Etat, de la reprise des travaux, suspendus depuis 2012. Le juge, qui communiquera ses décisions en début d'après-midi, peut soit ordonner l'expulsion immédiate des familles et des agriculteurs, soit transmettre une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) - déposée par les avocats de la défense - à la Cour de cassation, suspendant de fait la procédure pendant plusieurs mois. Le magistrat peut encore se fonder sur la législation européenne et accorder un délai supplémentaire aux expulsables, ce que ne lui permet pas le droit français, a expliqué Erwann Le Moigne, l'un des avocats de la défense.
Les agriculteurs, qui ont refusé de vendre leurs terres à l'amiable, et les familles, anciens propriétaires ou locataires de maisons rétrocédées à AGO, pour certaines présentes depuis des générations sur la « Zad » (zone d'aménagement différé), rebaptisée « zone à défendre » par les opposants, ont assuré qu'ils ne « partiraient pas ». « On tient depuis des années, on ira aussi loin qu'on pourra, même si personne d'entre nous dira qu'on peut tenir six, huit mois avec 600 euros d'astreinte par jour », a déclaré à l'AFP Marcel Thébault, l'un des agriculteurs menacés d'expulsion. « Notre sort est porté par l'ensemble du mouvement » anti-aéroport, a-t-il ajouté, en référence aux actions qui se sont multipliées depuis le début de l'année pour empêcher la tenue de l'audience et espérer un « geste » au sommet de l'Etat.
Motion et pétition
Depuis la déclaration d'utilité publique en 2008, 244 personnes qui vivaient sur le site ont accepté de partir à l'amiable, rappellent les partisans de l'aéroport. Les opposants au transfert de l'actuel aéroport de Nantes-Atlantique à une vingtaine de kilomètres au nord, en plein bocage, ont encore mobilisé des milliers de personnes le 9 janvier pour bloquer le périphérique nantais, puis ont mené des blocages ou des opérations escargot, avec à la clé des interpellations et des convocations devant la justice. Une nouvelle manifestation était prévue samedi, une déambulation qui se voulait « festive » dans les rues de Nantes, avant un rassemblement lundi après-midi au palais de justice de Nantes. Les élus de la commune de Notre-Dame-des-Landes ont voté mardi soir, lors d'un conseil municipal extraordinaire, une motion de soutien aux habitants « historiques », demandant à l'Etat de « surseoir à toute expulsion ».
Les opposants au nouvel aéroport nantais accusent le président François Hollande d'avoir « trahi » son engagement, pris en 2012, de geler les expulsions tant que les recours déposés contre le projet n'auraient pas été épuisés. Cet accord inclut selon eux les procédures d'appel et donc celui introduit après le rejet de leurs recours environnementaux le 17 juillet par le tribunal administratif de Nantes, qui avait validé les arrêtés préfectoraux autorisant le début des travaux. Pour les partisans du projet, collectivités locales en tête, les engagements pris « ont été scrupuleusement respectés », ceux-ci se limitant aux recours déposés avant le 4 mai 2012, date à laquelle l'accord a été signé. Un « collectif des riverains de la Zad de Notre-Dame-des-Landes » a remis mardi au préfet de Loire-Atlantique une pétition de plus de 1 600 signatures réclamant l'évacuation de la Zad.