Certes, l’année extrêmement difficile sur le plan climatique a eu des impacts importants sur les résultats des exploitations agricoles, et cette « situation de fragilité du monde agricole s’est décalée sur nos entreprises de travaux agricoles et forestiers », explique Philippe Largeau, président de la Fédération nationale des entrepreneurs des territoires (FNEDT), qui représente les entreprises de travaux agricoles (ETA) et forestiers (ETF).
Pourtant, « plus ça va, plus on va sur l’externalisation des travaux », ajoute-t-il, chiffres à l’appui. En 10 ans, le nombre de salariés du secteur a progressé de 60 %, preuve « d’un réel besoin sur les territoires ». « Donc nous sommes une force de solution, de désendettement des exploitations, de lancement à l’installation », affirme Philippe Largeau.
Favoriser les ETA à la sur-mécanisation des exploitations
Pour amplifier cet effet, encore faudrait-il mettre en place une véritable équité dans la réglementation, estime la FNEDT. Cette dernière regrette notamment le mode de distribution des aides aux agroéquipements destinées à favoriser la décarbonation. Distribuées sans obligation de résultat aux agriculteurs ou aux Cuma, ces aides ne sont pas accessibles aux ETA. « Dans le contexte où l’on est, subventionner ainsi du matériel ne sera jamais un bien pour l’agriculteur lui-même », alors que les constructeurs et les banques en tirent au contraire avantage, explique Philippe Largeau, qui rappelle que la France est le pays d’Europe où les coûts de mécanisation sont les plus élevés.
La FNEDT milite plutôt pour « une aide à l’usage », qui éviterait l’effet inflationniste des machines, réduirait la sur-mécanisation des exploitations, et aiderait à la transformation des pratiques. « Et je tiens ces propos pour assurer de l’équité à nos entreprises mais aussi pour avoir une solution de garantie de revenu à nos clients ! », ajoute Philippe Largeau. Malgré une passion française avérée pour le machinisme agricole, l’année 2024 « va laisser beaucoup de traces », et les changements de mode de gestion devraient favoriser le recours aux ETA, estime le président de la fédération.
Des mesures réglementaires à adopter
D’autres mesures « d’équité » sont également demandées par la FNEDT, à l’exemple de l’éligibilité au dispositif TO-DE (dispositif d’exonération des travailleurs saisonniers), une demande régulièrement formulée sans succès depuis 2016. Cette mesure coûterait 17 M€ supplémentaires au gouvernement, un budget loin d’être exorbitant au regard des 160 M€ du coût actuel du TO-DE réservé aux agriculteurs, précise la fédération.
C’est également de l’équité que demande la FNEDT en matière de construction en zone agricole car les ETA, qui dépendent de la chambre de commerce, ne peuvent pas construire au plus près des exploitations agricoles, à la différence des Cuma par exemple. « On a toute notre place dans le monde agricole », explique la FNEDT, en rappelant qu’une réduction de la distance permet également de limiter l’empreinte carbone liée au déplacement des machines vers leur lieu d’intervention.
Autre nécessité, surtout au regard de la campagne écoulée, celle d’adapter la réglementation, notamment sur le taillage des haies, aux spécificités départementales. La mesure est prévue dans le projet de loi d’orientation, et une circulaire doit d’ores et déjà être mise en application, mais « on doit reprendre le dialogue avec les préfets », explique Philippe Largeau qui déplore également, avec les changements de gouvernement, « beaucoup de travail à mener pour faire entendre nos doléances ».
Si elle ne manquera pas de présenter ses priorités au prochain gouvernement, la FNEDT développera également les atouts de la prestation de services comme « solution aux changements et mutations » à l’occasion de son congrès à Arles, du 6 au 8 mars prochains.