Les engins se sont arrêtés, pelle en l'air, en fin de matinée sur le seuil du ministère, un bâtiment situé en face de la gare d'Atocha, et les agriculteurs ont déployé des banderoles clamant « Les agriculteurs sur le pied de guerre » ou « Planas, la ruine de la campagne, tu l'avais proposée, tu l'as gagnée », a constaté un photographe de l'AFP.
Sous la pluie, quelque 250 représentants du secteur accompagnés de syndicats, arrivés pour la plupart en bus, ont gêné la circulation sur cette grosse artère de la capitale avant de repartir avant 15 h.
En fin d'après-midi, le ministre a reçu les trois principaux syndicats d'agriculteurs et d'éleveurs (Asaja, COAG et UPA), au lendemain d'une réunion avec les différents représentants du secteur alimentaire. A l'issue de cette rencontre, le ministre a annoncé un paquet de mesures répondant selon lui « aux trois » revendications du secteur.
Il a ainsi expliqué qu'il plaiderait « le 26 à Bruxelles » pour une « simplication de la Pac », la politique agricole commune, et qu'il défendrait aussi bien auprès de l'UE qu'auprès de l'Organisation mondiale du Commerce (OMC) « le principe de réciprocité dans l'utilisation des produits phytosanitaires dans la production alimentaire », les fameuses « clauses miroir », un mécanisme qui impose aux produits importés de respecter les mêmes règles que celles imposées aux agriculteurs européens.
Il a également annoncé « la création d'une agence nationale d'information et de contrôle des aliments », afin d'éviter que les agriculteurs se voient obligés de vendre leur production à prix cassé.
Les syndicats ont qualifié la réunion de positive, mais ont exclu pour l'instant un accord définitif et ont annoncé qu'ils poursuivraient leurs protestations. « Nous avons constaté des progrès importants » mais « les mobilisations vont continuer », a déclaré le président d'Asaja, Pedro Barato.
Depuis une semaine, les agriculteurs espagnols manifestent pour dénoncer les difficultés du secteur, bloquant des routes un peu partout dans le pays.
A l'instar de leurs confrères européens, les agriculteurs espagnols protestent contre une concurrence qu'ils jugent déloyale de la part de pays hors de l'UE, qui ne sont donc pas soumis aux mêmes règles, et contre une bureaucratie et des normes qu'ils estiment trop lourdes.
Ils se plaignent aussi des prix d'achat trop bas de leur production dans le cadre de la Politique agricole commune (Pac) et d'un manque d'aides au secteur.
Les trois syndicats agricoles (Asaja, COAG et UPA) ont prévu une manifestation le 21 février à Madrid devant le ministère de l'agriculture, suivie d'une autre le 26 toujours dans la capitale, le même jour que la réunion du conseil des ministres de l'agriculture de l'UE.
L'Espagne, souvent qualifiée de « potager de l'Europe », est le premier exportateur européen de fruits et légumes. De nombreuses exploitations y sont néanmoins en difficultés en raison, notamment, de la sécheresse qui sévit depuis trois ans dans le pays.