Sommaire
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Choix variétal : priorité aux critères qualitatifs exigés par les malteurs
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Désherbage : profiter de l’orge de printemps pour désherber mécaniquement
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Stratégie de fertilisation : des essais en faveur du fractionnement
Choix variétal : priorité aux critères qualitatifs exigés par les malteurs
Le débouché des orges de printemps est exclusivement brassicole, donc le choix de la variété doit correspondre aux débouchés des OS, avec des critères qualitatifs attendus par les industriels. Les Malteurs de France et les Brasseurs de France publient une liste de variétés référentes qui recense les « variétés préférées » ; les « variétés en observation commerciale et industrielle en étape 1 et étape 2 » et les « variétés admises en validation technologique ».
Quels sont les principaux critères qualitatifs attendus ?
- Taux de germination (> 98 %)
- Pureté variétale (> 93 %)
- Taux de protéines (entre 9,5 % et 11,5 %)
- Calibrage (90 % des grains > 2,5 mm) et humidité à la récolte (< 14,5 %).
En plus des aspects qualitatifs, la génétique aura son mot à dire concernant le potentiel de rendement, la tolérance aux maladies (rhyncosporiose, helminthosporiose et oïdium) et la tolérance aux stress climatiques.
- Vigilance pour le froid
Les céréales à paille affichent des niveaux de sensibilité différents par rapport au froid. Le blé tendre est considéré comme tolérant, alors que l’orge de printemps est sensible. L’orge d’hiver affiche une tolérance intermédiaire. Traditionnellement semée en sortie d’hiver, le risque lié au froid est esquivé avec l’orge de printemps. En revanche, pour ceux qui font le choix de la semer à l’automne, il faudra être vigilant sur ce point en particulier.
Semis des orges de printemps : ne pas trop tarder
Le créneau idéal pour implanter les orges de printemps se situe entre le 15 février et le 15 mars. Arvalis précise que cette date doit être affinée en fonction du ressuyage du sol. Si l’hiver a été humide, il est préférable de patienter.
Mais un semis trop tardif peut être un frein au tallage, et pour les variétés dites « 2 rangs », le tallage est une composante de rendement non négligeable. D’autre part, les jours échaudants sont susceptibles de pénaliser le remplissage des grains. Semer trop tardivement peut donc être un facteur de risque.
Dates et densités de semis préconisées (source Arvalis)
- Zones intermédiaires (Poitou-Charentes, sud Centre-Val-de-Loire (15/01 au 15/02)
- Limons : 300 à 350g/m²
- Argilo-calcaire : 350 à 450 g/m²
- Grand-Est, nord-Bourgogne, est Centre-Val-de-Loire (20/02 au 15/05)
- Limons : 290 à 350 g/m²
- Argilo-calcaire : 350 à 450 g/m²
- Normandie, Hauts-de-France, Ile-de-France (15/02 au 20/03)
- Limons : 270 à 330 g/m²
- Craie : 300 à 350 g/m²
- Argilo-calcaire : 350 à 450 g/m²
Augmenter la densité pour les semis d’automne
Les variétés de printemps sont plus sensibles au froid que les orges d’hiver. Même si les hivers sont plus doux à la faveur du réchauffement climatique, il est conseillé de ne pas semer trop précocement ces variétés de printemps à l’automne afin d’éviter que la plante ait atteint un stade trop avancé au moment de la période de froid. Il faut donc tenir compte de la plus grande précocité des variétés d’orge de printemps. Un semis 1ère quinzaine de novembre permet d’atteindre un stade épi 1 cm aux dates classiques, de ce fait de limiter l’exposition au froid.
Arvalis conseille aussi d’adapter la densité pour pallier d’éventuelles difficultés climatiques
- 300 à 350 grains/m² en bonnes terres ;
- 380 g/m² sur argilo-calcaires ;
- Jusqu’à 400 g/m² si l’on sème après le 10 novembre en terres caillouteuses.
Désherbage : profiter de l’orge de printemps pour désherber mécaniquement
En orge de printemps, le ray-grass est une problématique majeure. Les agriculteurs déplorent les problèmes de résistances et le manque d’efficacité de certaines solutions. En revanche, la culture est peu concernée par le vulpin, dont les levées se font préférentiellement à l’automne, et les dicotylédones sont peu problématiques.
- Profiter du désherbage mécanique
L’orge semée au printemps offre la possibilité d’une interculture relativement longue pour bien contrôler les adventices avant le semis, notamment via des interventions mécaniques (herse étrille, houe rotative et roto-étrille (outil de désherbage en plein avec des éléments plus pénétrants que la herse étrille). Le passage d’outils peuvent se faire en pré-levée à l’aveugle (stade jeune des adventices) ou sur culture bien implantée, à condition d’avoir augmenté la densité de semis pour compenser les pertes potentielles liées au passage d’outils. Arvalis recommande d’augmenter la densité de 10 à 15 %.
- Désherbage chimique : alterner les matières actives
La lutte chimique est rendue complexe par la moindre disponibilité et efficacité des solutions disponibles. En cas de forte infestation de ray-grass, un passage en pré-semis peut être recommandé, il sera complété par des interventions entre le stade 3 feuilles et deux nœuds de la culture.
Il est préconisé d’intervenir avec des solutions qui permettent l’alternance des matières actives (pour prévenir le risque de résistance).
Deux rappels réglementaires :
- Les solutions à base de chlortoluron ne sont pas autorisées en orge brassicole semée au printemps.
- L’Anses a retiré l’AMM de l’Avadex 480 (à base de triallate), jusqu’alors, utilisé en pré-semis incorporé. La date limite d’utilisation est fixée au 29 mars 2025.
Les malteurs et brasseurs de France référencent une liste de solutions phytopharmaceutiques autorisées pour le débouché brassicole, il faudra donc veiller à n’utiliser que ces spécialités.
- En cas de fortes infestions, éviter de semer les orges de printemps à l’automne
L’orge de printemps (semée à l’automne) empêche la stratégie qui consiste à alterner les matières actives entre culture d’hiver et cultures de printemps, fort utile pour éviter les problématiques de résistances. En cas de forte pressions adventices, il sera préférable de ne pas semer ses orges de printemps à l’automne.
Stratégie de fertilisation : des essais en faveur du fractionnement
Si l’on devait résumer la stratégie de nutrition foliaire de l’orge brassicole, ce serait, la bonne dose au bon moment pour trouver le meilleur compromis entre rendement et taux de protéines. Et pour les industriels, ce taux de protéines doit se situer dans une fourchette comprise entre 9,5 % et 11,5 %, pas plus, pas moins.
Comme pour les autres céréales à paille, les apports doivent être calculés par la méthode des bilans qui consiste à estimer précisément les besoins de la plante en fonction des objectifs de rendements et de la fourniture globale du sol.
En orge de printemps, la proportion d’azote valorisée par la culture, mesurée par le CAU (coefficient apparent d’utilisation) n’est pas toujours optimale, car les apports sont réalisés en périodes plus sèches.
Pour optimiser les apports, Arvalis conseille :
- De fractionner afin d’être plus en phase avec la dynamique d’absorption de la culture, notamment dans les situations de semis précoces, de sols superficiels ou avec un reliquat d’hiver faible, et lorsque la dose à apporter est supérieure à 120 kg/ha.
- Dans quelles proportions ? 1/3 de la dose au semis et 2/3 au tallage ou bien 50/50.
- Réserver les apports uniques aux faibles doses (< 120 kg/ha)
- Se référer à des OAD de type N-tester pour évaluer, diagnostiquer et corriger éventuellement les carences.
Pour les orges de printemps semées à l’automne, la fertilisation devra être conduite comme pour les orges d’hiver. Le calcul des besoins grâce à la méthode des bilans, et le fractionnement en deux apports aux stades ou la plante valorise le mieux l’azote.
La lutte contre les maladies : la génétique en rempart
Parmi le cortège de maladies associées à l’orge de printemps, rhynchosporiose et oïdium sont susceptibles d’être les plus préoccupantes, car elles peuvent être présentes dès le début du cycle. Toutefois, Arvalis rappelle que la génétique est un levier agronomique efficace pour en minimiser les conséquences.
La nuisibilité de ce cocktail de maladies peut pénaliser le rendement dans une fourchette de 5 à 10 q/ha. Il faut rappeler aussi que la présence de maladie est susceptible de compromettre le calibrage des grains et donc de pénaliser la qualité de l’orge brassicole.
Tout comme les herbicides, les brasseurs et malteurs référencent et recommandent un certain nombre de spécialités de santé du végétal. Un traitement unique au stade dernière feuille/barbes pointantes peut être considéré comme la règle.
Le choix des matières actives doit tenir compte de la présence ou non de souches d’helminthosporiose résistantes aux SDHI et strobilurines.
Il est important aussi d’avoir en tête que les orges de printemps semées à l’automne sont plus exposées aux maladies en sortie d’hiver que pour les semis de printemps. La protection fongicide devra donc être renforcée par 1 ou 2 passages supplémentaires.
Arvalis rappelle aussi que dans la notation attribuée aux orges de printemps vis-à-vis des maladies sont le résultat d’essais sur semis de printemps.
- Évaluer le risque de verse
L’orge de printemps peut être sensible à la verse. Il est alors recommandé d’évaluer son risque pour décider ou non d’un apport de régulateur au stade 2 nœud dans le cas d’un risque moyen ou dès le stade 1 nœud dans le cas d’un risque élevé.
La sensibilité à la verse est un critère de la classification des variétés, donc le choix variétal est un premier élément pour évaluer le risque. Dans le cas d’un tallage important et d’une montaison sans contrainte, là aussi, le risque est potentiellement important.