Lutte contre le gel: les vignerons ligériens prennent les devants

Olivier Bellanger s'inquiète alors que la neige tombe sur Monthou-sur-Cher (Loir-et-Cher).

« Le bourgeon est avancé, sur cette parcelle, il est donc sensible au froid.

S'il gèle, pas de récolte », explique le vigneron, bonnet vissé sur la tête.

Pour les viticulteurs de Touraine, les prochaines nuits s'annoncent compliquées, alors que la température pourrait descendre bien en-dessous de zéro. De quoi raviver les souvenirs du printemps dernier, alors que le Domaine de la Piffaudière avait perdu un tiers de sa récolte.

Sauf que sur sa parcelle, l'exploitant a cette fois installé une tour antigel, d'un coût de 45.000 euros.

« Ce sont des mats qui font 12 mètres, avec des pales de six mètres qui vont permettre de brasser du vent et d'inverser les couches de températures. Une tour protège cinq hectares de vigne », décrit-il.

« La couche de température à 15 m est plus chaude que celle au sol. Avec ce brassage, on arrive à remonter la température au sol de 2 ou 3°C. La plupart du temps, ça suffit pour protéger la vigne du gel », se rassure le vigneron, tout en espérant que le vent se calme, alors que les flocons prennent un angle inquiétant sous les rafales.

« Ca ne marche pas sur certaines formes de gel, sur des masses d'air froid.

Quand il y a du vent, c'est dangereux pour le matériel, on ne peut pas les allumer », regrette celui qui est aussi président de la Protec'gel.

Grâce à cette coopérative d'utilisation de matériel agricole (Cuma), les viticulteurs adhérents ont notamment pu financer 64 tours antigel sur le département.

Reste que les tours n'équipent pas tous les domaines. A Saint-Romain-sur-Cher (Loir-et-Cher), Patrice Dupas n'en possède pas et il craint pour « une parcelle qui a +débourré+ ».

Lui a fait le choix des bougies. Ces contenants de paraffine achetées une dizaine d'euros pièce en Hongrie peuvent brûler entre six et huit heures.

« L'air froid stagne et englobe la souche. La bougie réchauffe un peu l'air au sol. On se lève à 4h00 pour allumer les bougies et créer un coussin d'air chaud », soupire-t-il. « 200 ou 300 bougies permettent de gagner 2 ou 3°C. »

Sapins au secours

Sur sa précieuse parcelle, le vigneron en a installé 300, soit 3.000 euros.

Le choix a été facile pour le Domaine de la Renne: en 2021, le gel lui avait détruit 80% de sa récolte.

« On ne les allume que s'il y a vraiment besoin, au dernier moment. On croise les doigts », insiste-t-il, précisant avoir taillé sa vigne plus tard que les années précédentes. « Si on taille tard, on cale la vigne. Elle démarre moins vite » et est donc moins sensible aux gels du début de printemps.

Ailleurs d'autres viticulteurs disposent d'équipements différents, comme les asperseurs qui envoie des gouttelettes d'eau. Avec le gel, ces dernières forment une gangue de glace, qui protège les bourgeons d'un air froid encore plus mordant.

Certains brûlent aussi des bottes de pailles dispersées dans les vignobles.

A Chambord, le Domaine national a récupéré les sapins de Noël du château pour les placer à des points stratégiques. Aidés par deux tours antigel, ces bûchers feront gagner les quelques degrés nécessaires, espère-t-on.

Si chacun fait selon ses moyens du moment, les vignerons s'accordent sur une chose: les prochaines nuits seront courtes.

« On a installé des sondes de températures qui nous alertent. Cette nuit, le téléphone a sonné à 2h00 du matin. On se lève, on va faire un tour dans la vigne pour voir le temps qu'il fait », décrit Olivier Bellanger. « Ca va être rebelote cette nuit, jusqu'à lundi ou mardi matin. »

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