En l'absence de clause de sauvegarde, de « mesures miroirs » ou encore de « contrôles aux frontières », « la France ne peut pas valider à ce stade le projet d'accord avec les pays du Mercosur parce que ce projet d'accord ne protège pas les intérêts de nos agriculteurs », a ajouté la ministre, devant la presse, à l'issue de l'entrevue à laquelle elle a également participé.
« On ne peut pas accepter, les agriculteurs ne peuvent pas accepter, le consommateur ne peut pas accepter qu'on produise et qu'on importe sur le sol européen des produits et de l'alimentation qui ne respectent pas les règles qu'on impose à nos propres producteurs », a ajouté Mme Genevard, qui insiste sur le fait que la France sera « extrêmement » déterminée, en particulier sur la question des « mesures miroirs ».
Environ 300 agriculteurs venus avec quelque 70 engins agricoles s'étaient progressivement rassemblés mercredi au fil de la journée à Toulouse pour demander des clarifications à Emmanuel Macron sur le traité de libre-échange avec le Mercosur, après ses déclarations sur le sujet au Brésil et au Mexique.
« Le président s'est engagé aujourd'hui à ne pas signer le Mercosur tant qu'il n'y aurait pas les clauses qui seraient mises en place », a rapporté Jean-Marie Dirat, président de la Fédération régionale des syndicats d'exploitants agricoles (FRSEA) à ses adhérents, en fin d'après-midi.
Son syndicat reste opposé à l'ensemble du traité et juge donc la position « pas acceptable ». Pour autant, « ce n'est pas parfait mais il y a du mieux », a fait remarquer le secrétaire général des Jeunes Agriculteurs de Haute-Garonne, Jean-Baptiste Gibert.
« Il va falloir continuer à se battre », a-t-il dit, saluant quelques mesures positives comme une promesse d'une diminution de taxation sur les engrais importés, ou la prise en compte des spécificités de l'Occitanie, région de France la plus touchée par le changement climatique.
Pour la Confédération paysanne, Laurence Marandola a salué « un « éclaircissement fort et qui était indispensable » de la part du président de la République qui a dit qu'il ne signerait pas en l'état l'accord et a listé les « conditions qui permettraient d'avancer ».
Ce syndicat reste lui aussi fermement opposé au principe même de l'accord et s'est désolé de voir l'agriculture traitée comme « une monnaie d'échange ». La Conf' a par ailleurs déploré « l'inflexibilité totale » de la gestion de la crise sanitaire liée à la dermatose nodulaire contagieuse, alors que le syndicat réclame l'arrêt de l'abattage d'animaux sains.