Le « parcours du combattant » des communes contre les fuites d'eau

Dans l'Ain, « on avait fait le constat que le taux de renouvellement des canalisations était insuffisant, et surtout que les plus petits syndicats et les communes isolées avaient du mal à faire face aux travaux, donc elles ne les faisaient pas », note Jean-Yves Flochon, vice-président du conseil départemental, qui a décidé d'augmenter ses aides pour inciter à résorber les fuites.

« 100 ans pour tout changer »

« Aujourd'hui on doit renouveler à peu près 1 % des canalisations par an. Donc (si on reste à ce rythme), il faudra 100 ans pour tout changer », d'où la nécessité d'accélérer, explique l'élu.

Fin mars, le gouvernement a annoncé un « Plan eau » comprenant 180 millions d'euros annuels pour aider les communes les plus vulnérables à résoudre le problème, « fruit d'un sous-investissement historique » dans les réseaux, dont la majorité date des années 60.

Parmi les 170 « points noirs », où les taux de fuites sont supérieurs à 50 %, la commune corse de Rutali a lancé les rénovations en 2007-2008, mais « c'est un parcours du combattant » et « ça coûte excessivement cher », affirme son maire Dominique Maroselli. « Il faut avoir la foi. Le plan eau, c'est très bien, mais rendez-vous compte : 180 millions d'euros, 2 000 communes, faites le calcul ! La démarche est bonne, mais ça ne fait pas beaucoup ».

Quand, en 2020, l'Etat a imposé la reprise de la gestion de l'eau potable par les agglomérations, les communes concernées ont adopté un plan prévoyant 200 millions d'euros en 10 ans pour mettre aux normes le réseau. « Mais il en faudra peut-être 300 ou 350 millions », assure Christophe Riveng, le président d'Alès Agglomération.

Mercredi, le gouvernement a lui assuré que depuis la sécheresse de l'été dernier, « il y a eu 340 opérations, qui représentent 70 millions d'euros de travaux qui ont permis de sécuriser l'eau potable » et de moderniser les réseaux, ajoutant que « 100 millions d'euros supplémentaires ont été dégagés » pour permettre de les continuer. En 2020, le volume total des fuites en France représentait près de 937 millions de m3, soit la consommation annuelle d'environ 18 millions d'habitants, selon l'administration.

Les causes sont multiples : âge des canalisations, corrosion, vieillissement des joints, types de raccordement aux maisons... Et la sécheresse qui aggrave les fuites en détériorant les sols, indique Veolia, l'un des principaux gestionnaires de l'eau en France.

Robot et chiens

« La canicule de l'an dernier a généré une demande d'innovation et de solution des collectivités qui veulent éviter d'avoir à imposer des restrictions d'usage », indique l'entreprise qui a mis en place des surveillances des fuites via des capteurs sonores et des chiens renifleurs. De leur côté, les communes tentent de réagir chacune à sa manière.

La métropole lyonnaise a repris en main la gestion de l'eau, longtemps confiée au privé : « aujourd'hui, 15 % de l'eau distribuée disparaît dans les sols, soit 33 000 litres chaque jour », indique la collectivité qui prévoit de « remplacer chaque année une quarantaine de kilomètres sur les 4 100 du réseau ».

À Alès (Gard) et Saint-Paul-de-Tartas (Haute-Loire), des travaux sont en cours. « Nous nous sommes rendus compte au fur et à mesure de la vétusté de l'ancien réseau datant de 1966 qui lâchait, avec beaucoup de fuites diffuses. Si nous n'avions pas anticipé, nous serions aujourd'hui contraint d'alimenter certains foyers par citernage », explique la maire Marie-Laure Mugnier. Elle a dû recourir à l'emprunt et augmenter les factures d'eau pour trouver une partie du 1,2 million d'euros nécessaires. « En augmentant le prix du mètre cube, on fait baisser la consommation, ce qui est bien, mais on diminue aussi nos revenus et notre capacité à investir dans le réseau. C'est un cercle vicieux », note toutefois le président de l'agglomération d'Alès.

D'autres misent sur la technologie. Suresnes (Hauts-de-Seine) a effectué en 2022 un diagnostic de ses canalisations, posées entre 1925 et 1957, via un robot, le PipeDiver de la société Xylem. Ce dispositif a toutefois un coût élevé (600 000 euros). Toutes les communes ne pourront pas se l'offrir.

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