Retenues d'eau : la tension monte à l'approche d'une nouvelle mobilisation

(article mis à jour le 14/07 à 13h) Quelque 10 000 personnes sont annoncées de mardi à dimanche au « Village de l'eau », campement établi à Melle (Deux-Sèvres) à 15 km seulement de Sainte-Soline, où le chantier d'une retenue avait donné lieu à des affrontements en mars 2023 entre opposants et forces de l'ordre.

Une quinzaine de convois venus de France mais aussi de Belgique, d'Allemagne et d'Italie doivent converger à Melle « pour une semaine de débats, formations, ateliers et fêtes ».

Environ 120 organisations, associations, syndicats et collectifs soutiennent l'événement, dont Bassines Non Merci (BNM), les Soulèvements de la Terre, Attac, l'union Solidaires et la Confédération paysanne.

Avec en point d'orgue deux journées d'action : l'une vendredi prévoit « une grande marche populaire et un convoi de vélos » à Saint-Sauvant (Vienne), où le chantier d'une future retenue d'eau doit démarrer en septembre.

L'autre le lendemain se déroulera à La Rochelle (Charente-Maritime) où les organisateurs appellent « à prendre kayaks, paddle et autres bateaux gonflables » pour bloquer le port agro-industriel « dans une ambiance de carnaval ».

Deux camps irréconciliables

Pour les opposants, le but est « d'arracher un moratoire » sur la construction des « mégabassines ».

« Puisque le gouvernement (...) continue à imposer les projets, nous faisons le choix de maintenir des formes de désobéissance de masse qui impactent concrètement leurs cibles », affirme BNM.

Les « réserves de substitution », qui visent à stocker de l'eau puisée dans les nappes en hiver afin d'irriguer les cultures en été, sont pour leurs partisans une assurance-récolte face au changement climatique.

À l'inverse, leurs détracteurs décrivent un « accaparement » de l'eau par l'agro-industrie et ses grands acteurs, à l'instar des « méga-coopératives » céréalières ciblées à La Rochelle.

Deux camps irréconciliables entre lesquels le ton s'est durci ces dernières années, sur le terrain et devant la justice.

Dans la région, 16 retenues sont programmées - une seule déjà opérationnelle - sur le bassin de la Sèvre niortaise, d'une capacité totale de plusieurs millions de mètres cubes. D'autres sont actives en Charente-Maritime ou Vendée, ou en projet dans la Vienne.

Le 9 juillet, la justice administrative a apporté de l'eau au moulin des opposants en jugeant « excessif » le volume des prélèvements autorisés pour l'irrigation dans le Marais poitevin.

« Ça va mal finir ! On ne peut plus rien entreprendre, dès qu'on fait quelque chose on est mis au pilori », s'agace auprès de l'AFP un exploitant, récemment victime de dégradations revendiquées par un collectif d'opposants.

La Coop79, groupement d'agriculteurs qui promeut les réserves dans les Deux-Sèvres, fustige le « ton belliqueux » des organisateurs du Village de l'eau.

« Risques élevés »

La Coordination rurale appelle à s'auto-défendre face aux « écoterroristes » et le syndicat, majoritaire dans la Vienne où la manifestation est prévue vendredi, demande à l'Etat d'interdire le rassemblement et de déployer des forces de l'ordre.

« Tout est réuni pour que le pire arrive », craint de son côté la FNSEA, en appelant au calme.

La Confédération paysanne dénonce au contraire la « stigmatisation » de l'événement et appelle au « dialogue ».

Vendredi soir, quelque 200 élus locaux ont également exprimé leur inquiétude.

La préfecture des Deux-Sèvres a rappelé leurs responsabilités aux organisateurs en matière de sécurité, « au vu des risques élevés », ajoutant qu'elle prenait des mesures « pour appuyer les actions de la gendarmerie ».

Pour l'heure, seul le Village de l'eau a fait l'objet d'une déclaration par la municipalité de Melle qui l'accueille.

Les organisateurs comptent sur la proximité des JO de Paris (26 juillet-11 août) pour attirer « les regards du monde entier » et assurent que les manifestations auront lieu quoi qu'il arrive.

« Nous prendrons mal toute tentative des autorités de les empêcher », a prévenu Julien Le Guet, porte-parole de BNM.

À Sainte-Soline, où des milliers de personnes avaient bravé l'interdiction de manifester, 3 000 gendarmes avaient été mobilisés. Ils avaient tiré 5 000 grenades lacrymogènes en seulement 1h20, « un usage immodéré et indiscriminé de la force », selon la Ligue des droits de l'Homme.

 

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