« Nous sommes à un tournant majeur car cette décision pourrait peut-être aboutir à leur annulation pure et simple », estime le collectif « Bassines Non Merci », à l'origine de plusieurs manifestations dont celle de Sainte-Soline (Deux-Sèvres), fin mars 2023, qui avait donné lieu à de violents affrontements avec les forces de l'ordre.
Nature Environnement 17, la Ligue de protection des oiseaux et des fédérations de pêcheurs, avec d'autres, ont mené la lutte sur le terrain juridique en attaquant les autorisations délivrées au projet porté par la Coop' de l'Eau, un groupement d'environ 450 irrigants.
Dans sa version initiale, autorisée en 2017, il prévoyait de créer 19 retenues dans les Deux-Sèvres, la Vienne et en Charente-Maritime. L'année suivante, un premier recours aboutit à un protocole d'accord qui réduit leur nombre à 16 et conditionne l'accès à l'eau, pour les irrigants, à des engagements en matière d'agro-écologie.
L'arrêté d'autorisation est modifié en conséquence en 2020 mais d'autres recours ciblent l'étude d'impact environnemental du projet, jugée insuffisante : pour les opposants, les « bassines » que l'on remplit l'hiver en pompant dans les nappes afin d'irriguer l'été, mettent à mal l'équilibre hydrologique.
En 2021, le tribunal administratif (TA) de Poitiers leur donne tort sur ce point, tout en faisant modifier le volume de neuf réserves. Un nouvel arrêté interpréfectoral est signé en 2022, attaqué lui aussi : en 2023, le TA déboute une nouvelle fois les associations, qui font appel devant la cour administrative de Bordeaux.
Elles lui demandent, mardi, d'annuler l'autorisation de construction et d'exploitation délivrée à la Coop' de l'eau, de lui enjoindre de cesser tous travaux sous un mois et de remettre les lieux en état dans un délai de six mois.
Pour l'heure dans les Deux-Sèvres, une seule de ces retenues fonctionne, à Mauzé-sur-le-Mignon ; celle de Sainte-Soline, la plus grande, doit être remplie cet hiver et deux chantiers sont en cours à Épannes et Priaires. Un autre est prévu à Saint-Sauvant (Vienne).
L'association Nature Environnement 17 a déjà porté un coup au projet en faisant annuler, cet été, le volume maximal autorisé - jugé excessif - pour l'ensemble des prélèvements d'eau destinés à l'irrigation dans le Marais poitevin. L'État, à son tour, a fait appel.