La récolte 2015 de betteraves ne devrait pas poser de problème d’écoulement. Cf. graphique. Cette année, les différents débouchés retrouveront des niveaux normaux. « C’est la partie exportée sur le marché mondial des betteraves hors quota qui sera libéralisée à partir de 2017, explique Alain Jeanroy, directeur de la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB), et avec laquelle nous pourrons gagner des parts de marché. »
Surtout que « le marché mondial entre pour de bon dans un cycle de déficit de l’offre par rapport à la demande ». Ainsi, après cinq années d’excédent et d’accumulation de stocks, un déficit de 5 Mt serait attendu à l’issue de la campagne 2015-2016. Pour être en position de profiter d’opportunités liées à cette conjoncture à venir, les trois premiers fabricants de sucre français (Tereos, Cristal Union et SVI Toury) ont d'ailleurs contractualisé 5 % de surfaces supplémentaires pour 2016. « Représentant 80 % de la production française, la sole nationale de betteraves devrait ainsi retrouver son niveau de 2014, autour de 400 000 ha. »
Statut quo des accords interprofessionnels post-2017
Et pour que tous s’y retrouvent, la CGB a peaufiné sa réflexion sur les accords interprofessionnels post-2017, notamment les éléments de la recette betteravière à mettre en place pour que le planteur soit en condition de pouvoir décider de semer ses betteraves. « Cela passe par la détermination de règles de répartition du prix du sucre avant les semis, insiste Alain Jeanroy. Comme aujourd’hui, le prix du sucre qui servirait de référence sera celui constaté par l’Observatoire des prix pour le marché communautaire, un outil à maintenir absolument. » Le prix du sucre à partager entre planteurs et fabricants doit rester sur la base 56/44. « Nous refusons d’entendre, comme cela a déjà été le cas, un fabricant annoncer pour 2017 des betteraves payées 20 €/t pour un prix du sucre à 400 €/t. »
La CGB s’est également penchée sur la façon dont les planteurs pourraient contribuer à la compétitivité de la filière et en particulier sur la question de l’allongement de la durée de fabrication des usines, dont il a été constaté l’impact important sur le niveau des frais fixes. Ainsi, on estime que passer de 110 à 120 jours de durée de campagne de fabrication, c’est 10 € économisés sur chaque tonne de sucre produite par l’usine. « Il faut donner un intérêt aux planteurs à accepter les contraintes de tels allongements – protection des silos, compensation des pertes de rendement et des pénalités aux semis de céréales - et seul un partage des économies ainsi réalisées sera à même d’y satisfaire. » Malheureusement, les réunions interprofessionnelles qui se sont tenues en 2015 n’ont pas permis de rapprocher les points de vue. « Pourtant, estime Eric Lainé, président de la CGB, plus l’accord interprofessionnel et le contrat type sont élaborés et exhaustifs, plus le revenu des planteurs, et donc l’approvisionnement des usines, est sécurisé. »