La requête en annulation vise un arrêté qui autorise la société Odièvre, filiale du groupe coopératif Cap Seine, à stocker jusqu'à 4 150 tonnes de produits phytosanitaires à Vieux-Manoir au nord de Rouen, site classée Seveso. Elle a été introduite en mai 2018 par l'association de défense des cinq communes du plateau de Buchy qui réclame l'annulation de cet arrêté. À l'audience, le rapporteur public a demandé au tribunal « l'annulation de l'arrêté du préfet de Seine-Maritime ». « En cas d'incendie, la dispersion de produits dits nocifs est susceptible d'entraîner des pollutions de l'air nocives pour les populations de Vieux-Manoir et des communes voisines », a estimé la magistrate.
« L'installation est, selon nous, incompatible avec le règlement du plan local d'urbanisme de la commune », a-t-elle soutenu. Pour l'expert du ministère public, « l'absence dans l'étude d'impact d'éléments relatifs aux conditions de remise en état du site a été de nature à nuire à l'information complète du public et a donc vicié la procédure » et « l'étude de danger n'est pas à la hauteur des graves risques de dommages pour l'environnement engendrés par l'installation ». Examinée deux semaines après le gigantesque incendie de l'usine Lubrizol classée Seveso seuil haut, le 26 septembre, l'affaire a été mise en délibéré. « L'actualité nous a montré que nous ne sommes pas à l'abri d'un accident », a défendu Melodie Lemire, avocate de l'association au nom du cabinet Busson. « Le site se trouve au niveau d'une nappe phréatique, la principale réserve d'eau de la région », et « l'introduction d'un seul polluant pourrait mettre en péril l'alimentation en eau potable de tout le secteur de la métropole Rouen Normandie », a poursuivi Me Lemire.
Le représentant de la préfecture de Seine-Maritime a admis « qu'il y a un risque mais le préfet a considéré qu'il était suffisamment pris en compte par l'exploitant ». « Le bâtiment, un hangar, ne présente pas de risques en lui-même. Le site ne contient que des petits contenants. La rétention est largement suffisante », a aussi argumenté un représentant de la direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (Dreal) à l'audience. « Le site ne se trouve dans aucun périmètre de protection rapprochée des captages d'eau potable », a également rappelé le représentant de la Dreal.