En quatre jours jusqu'à mardi, les jurés auront testé plus de 5.000 produits - vins, fromages, confitures, huiles d'olive, piment d'Espelette, miel et autres produits transformés - qui prétendent à la feuille de chêne, or, argent ou bronze.
Lundi, c'est le tour des huîtres : 25 tables représentant toutes les régions ostréicoles du littoral français ; de Normandie, en passant par Cancale en Bretagne, jusqu'à l'étang de Thau sur la Méditerranée. Autour des tables, cinq à six jurés par catégories - huîtres plates de Bretagne, creuses des Charentes, Marennes d'Oléron -, des ostréiculteurs pour la plupart et une poignée de passionnés, qui ont suivi une brève formation.
A la table de la Méditerranée, Rémy Roucairol, ostréiculteur en retraite à Marseillan, sur l'étang de Thau, participe à son 20e concours : « Une huître c'est comme un vin : c'est l'eau, le sol, la composition du plancton qui fait son goût ». Pour la dégustation, il s'attache à l'aspect de la coquille, qui ne doit pas être blanchie, à celui de la nacre, à l'odeur, à la couleur et à la plénitude de la chair, et enfin décrit son goût, plus iodé chez lui qu'en Manche ou en Atlantique.
Chaque juré dispose d'une grille qu'il doit remplir et commenter, afin que primé ou non, chaque producteur sache comment il a été évalué. Quelques mètres plus loin, le président du comité de conchéiculture de Bretagne Nord, Gouleven Brest, inspecte des huîtres plates de sa région. « Pour juger le goût, c'est la longueur en bouche qui m'importe le plus », confie-t-il. Les écaillers apportent six huîtres ouvertes et six fermées par table. « On peut en demander d'autres si on a besoin de regoûter », précise le Morlaisien - « quand elles sont très bonnes aussi », rit-il. La dégustation comme pour l'ensemble des produits est anonyme.
Macaron gagnant
Les résultats du concours sont annoncés à 19 h sur le site (www.concours-agricole.com) et tous les soirs, il est saturé. Par les producteurs, et le grand public. Les consommateurs ont pris l'habitude de se fier dans les rayonnages au médaillon du Concours agricole, vieux d'un siècle : « Il représente une garantie de qualité, avec un cahier des charges transparent, placé sous l'égide du ministère de l'agriculture », rappelle le commissaire général, Benoît Tarche.
A l'issue des dégustations, les jurés délibèrent. « Il peut y avoir plusieurs médailles d'or, ou aucune », reprend le commissaire, qui refuse qu'un jury prime plus de 30 % des produits en concours. Car pour le producteur, le macaron apposé à côté de son nom se traduit très souvent par un bond de son chiffre d'affaires, de 15 à 50 %, affirme le commissaire.
Jeune société de confitures en Ariège créée en 2012, « Les Délices de Pascale » a constaté l'effet Concours général : médaillée par trois fois - 13 médailles au total en 2013, 2014 et 2015 - l'entreprise familiale a littéralement explosé. « On vendait dans un rayon de 50 km, du jour au lendemain on a touché toute la France : on accède à des endroits qu'on n'aurait jamais pu pénétrer », rapporte son pdg, Bernard Jougla. « Ça ouvre des marchés, c'est énorme. La première année, on s'est même laissé surprendre ».
De plus, chaque nouvelle moisson de médailles a permis trois embauches. « Les clients le savent : les produits médaillés sont les meilleurs de leur catégorie - parmi ceux qui se portent candidats, bien sûr », reprend le commissaire Tarche, en rappelant au passage que, parmi les vins, les châteaux prestigieux n'ont pas besoin du label Concours général pour se vendre. « Ça met la barre très haut aussi, quand on a une médaille, ça nous engage pour la qualité », insiste Bernard Jougla.
En 2015, près de 2.000 produits alimentaires ont été médaillés et 3.700 vins. Cette année, 17.000 se sont portés candidats en pré-sélections dont 5.000 ont été retenus fin janvier.