Le jeune homme, qui arborait un t-shirt barré de la mention « A quoi tu sers ? », a interpellé le chef de l'Etat en l'appelant à « écouter les rapports scientifiques » sur le changement climatique. « Je suis là pour vous dire qu'on n'arrêtera pas, parce qu'on n'en peut plus de demander gentiment. Entendez-ça, sinon ça va être terrible. J'ai fini ce que j'avais à dire », a-t-il lancé en pointant son index sur le chef de l'Etat, mais en refusant d'écouter sa réponse. « On vous a déjà entendu ! », s'est-il justifié.
« Vous êtes la démonstration d'une forme de violence civique », lui a alors rétorqué Emmanuel Macron, en l'interrogeant : « Je suis élu par le peuple français, vous êtes élus par qui ? ». « C'est pas un débat ! », a insisté le militant. « Et ben alors, partez, si c'est pas un débat ! », lui a répondu le président de la République.
Alors que le jeune homme a promis de « ne pas se laisser faire », en faisant valoir que « c'est la vie de (sa) petite sœur qui (était) en jeu », Emmanuel Macron l'a repris en évoquant « la vie des agriculteurs, c'est la vie de nos compatriotes ».
Encore interpellé sur « la rénovation thermique des bâtiments », Emmanuel Macron a répondu : « C'est ce qu'on fait ! » « Je veux bien vous répondre, mais vous n'avez pas le courage et la cohérence d'écouter une réponse. Ça vous ressemble, et ça, ça ne sert à rien ! », a conclu le chef de l'Etat.
Adepte de la stratégie du coup d'éclat, le collectif Dernière rénovation, fondé début 2022, a déjà perturbé le Tour de France, Roland-Garros ou un match PSG-OM. Vendredi soir, l'une de ses militantes s'est brièvement introduite sur scène lors de la cérémonie des César.
« On refuse de faire partie du plan de communication. S'il veut un débat, il a nos numéros », a lancé le militant interrogé ensuite sur BFMTV. « J'aurais préféré qu'on n'ait pas à faire ça (...) mais on n'a pas d'autre choix aujourd'hui », a-t-il expliqué. « Les promesses ne nous sauveront pas. On veut que les gens regardent lucidement ce que fait le gouvernement ».
Dans un communiqué, le collectif a revendiqué l'action de son militant en déplorant qu'« aucune mesure d'ampleur pour contrer le dérèglement climatique n'(ait) été prise par le gouvernement ».
Emmanuel Macron est revenu à plusieurs reprises sur l'épisode dans les travées du salon : « Moi, j'accepte de me faire engueuler, de me faire bousculer, mais j'aime pas tellement l'interpellation sans le débat », a-t-il fait valoir auprès de visiteurs, souvent sous des applaudissements nourris.
Mais de nombreux sifflets ont également jalonné le parcours du chef de l'Etat au cours de l'après-midi, alors que certains manifestants ont été écartés par les agents de sécurité.
« L'ambiance est très conviviale et sympathique : c'est un salon qui se passe bien », a toutefois voulu convaincre le chef de l'Etat, en estimant que « ces petits événements » étaient « normaux ».
« Et on ne me parle pas tant que ça des retraites ! », a-t-il glissé à plusieurs journalistes, quelques minutes après avoir défendu auprès d'une visiteuse une réforme de « progrès social (pour) ne pas laisser les agriculteurs sans retraite ».