Eau
Les semenciers demandent un accès garanti à l'irrigation

« Aujourd'hui, alors qu'il y a déjà des restrictions d'eau, il n'y a pas de différence de traitement entre la production agricole destinée à la consommation - et vente sur les marchés - et la production de semences », a expliqué lundi à l'AFP Didier Nury, président de l'Union française des semenciers (UFS), au salon de l'agriculture.

Alors que les semis approchent - en mars-avril pour le maïs et le tournesol -, les « agriculteurs multiplicateurs », qui destinent une partie de leur activité à la production de semences, « n'ont aucune certitude sur l'accès qu'ils auront à l'eau en juillet, au moment clé de la floraison », a-t-il déploré. Sans eau à cette période, c'est l'ensemble de la production de semences qui est menacée et c'est pourquoi l'UFS « demande que la production de semences soit systématiquement protégée et considérée comme une culture spécialisée » pouvant déroger aux restrictions générales. « Notre besoin en eau est faible, mais c'est maintenant que les agriculteurs font leurs choix de cultures et c'est donc maintenant qu'ils ont besoin de certitudes », a insisté Didier Nury.

Sur les 397 000 hectares dédiés à la production de semences en France en 2022, 40 % sont irrigués, soit 0,2 milliard de m3 d'eau sur les 3,2 milliards de m3 consommés par le secteur agricole chaque année.

Cela représente « une part infime de l'irrigation agricole pour un milliard d'euros d'excédent commercial », a-t-il assuré, rappelant que l'UFS réalisait 3,6 milliards d'euros de chiffre d'affaires.

Cruciale sélection variétale

La situation est particulièrement tendue, du fait d'un recul de la production de semences depuis la guerre en Ukraine : l'envolée mondiale des prix des céréales et oléagineux (colza, tournesol) a conduit certains agriculteurs à privilégier la vente des graines sur le marché plutôt que les réserver à la production de semences.

Ainsi en tournesol, alors que la demande augmente, la production de semences recule, avec environ 15 000 hectares, contre un objectif initial de 20 000.

« Nous pouvons puiser dans les stocks. Mais si la production de semences baisse trop, nous risquons d'en manquer en 2025 », alerte le président de l'UFS.

Face au dérèglement climatique, l'UFS appelle en outre l'Etat à « soutenir massivement la recherche », plaidant pour une « sanctuarisation des crédits d'impôts recherche » et pour « la protection des travaux en plein champ ».

« Il est impératif que le gouvernement prenne conscience qu'un des leviers majeurs de la transition agroécologique, si on veut moins de chimie, décarboner l'agriculture et consommer moins d'eau, c'est la sélection variétale », c'est-à-dire la sélection de variétés végétales plus résistantes à la sécheresse et aux attaques de ravageurs, a-t-il insisté.

Les semenciers investissent 13 % de leur chiffre d'affaires dans la recherche, a-t-il ajouté.

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