« Qu’est-ce qui fait qu’une parcelle fonctionne correctement ou non ? » L’analyse biologique de sol peut apporter des clés sur ce sujet. « Cette dernière se concentre sur la matière organique (MO), les micro-organismes, les champignons du sol et la cinétique de minéralisation du carbone et de l’azote. Au-delà de la mesure de MO totale, l’analyse permet notamment de mesurer le fractionnement entre MO liée et libre », souligne Adèle Courbineau, ingénieure agronome chez Celesta-Lab.
« La MO libre, encore peu dégradée, garde un fort potentiel énergétique : on dit que c’est le "buffet" dont la biomasse microbienne se nourrit, explique la spécialiste. La MO liée est quant à elle très dégradée (après avoir subi plusieurs minéralisations) : elle est donc très petite et peu énergétique. Elle constitue le "gîte" de la biomasse microbienne. Son rôle est similaire à celui de nos maisons : maintenir une structure solide dans laquelle être à l’abri, notamment des aléas climatiques. »
« Pour ne pas piloter à l'aveugle »
« Un bon ratio comprend environ 80 % de MO liée et 20 % de MO libre. En fonction des résultats obtenus, on peut observer que le sol n'a pas les mêmes besoins, et cela peut éclairer sur le choix de la fertilisation organique à apporter : si on n’a pas assez de MO liée, on se tournera plutôt vers un produit stable comme le compost ou le digestat. À l’inverse, si on n’a pas assez de MO libre, on s’orientera plutôt vers du fumier. Pour cela, on peut s'appuyer sur l’Ismo des produits organiques, c’est-à-dire leur indicateur de stabilité de matière organique. »
L’interprétation de l'analyse biologique va dépendre du système de culture (grandes cultures, prairies, arboriculture…) et de la texture du sol. Il n’existe pas de référentiel national, comme c'est le cas des analyses physico-chimiques avec le Comifer. « Celesta-Lab a construit un référentiel spécifique, à partir de ses 30 années d’expérience et d’une base de données de 110 000 échantillons. »
« Ce type d'analyse n'est pas à faire tous les ans, on peut revenir sur une même parcelle tous les 5 à 10 ans pour piloter la fertilité organique du sol au mieux », ajoute Adèle Courbineau.
D'un point de vue pratique, « les périodes optimales pour les analyses biologiques de sol sont le printemps et l’automne. Le prélèvement des échantillons de terre reste toutefois possible en dehors de ces périodes, en privilégiant les sols ré-essuyés et les sols non asséchés. À noter aussi : le prélèvement doit être fait au minimum deux mois après un apport de produit organique (fumier, compost…). Après envoi au laboratoire, les résultats sont généralement disponibles sous 6 semaines ».