Terre-net : Votre congrès 2018 à Lourdes est « électif ». Êtes-vous candidat pour un deuxième mandat à la tête de Jeunes agriculteurs ?
Jérémy Decerle : Après mûre réflexion, nous sommes candidats, avec Samuel Vandaele (secrétaire général de JA, NDLR), à notre reconduction dans nos fonctions pour un second mandat. Chez JA, les jeunes aiment bien quand ça bouge un peu. Néanmoins, il nous semble qu’il y a des sujets importants mis sur la table au début de notre mandat qu’il faut encore faire avancer.
Terre-net : Y a-t-il d’autres candidats à votre succession ?
J. Decerle : S’il y en a, ils ne se sont pas encore manifestés ! A deux semaines du congrès, il serait temps pour eux de le faire. Ceci dit, il y aura un important renouvellement des membres du bureau.
Terre-net : Comment jugez-vous la version actuelle du projet de loi « pour l’équilibre des relations commerciales » ?
J. Decerle : Le texte ne nous satisfait pas vraiment. Pour l’instant, nous ne voyons pas comment le texte va permettre d’inverser la construction du prix et faire sauter les verrous de la liberté contractuelle. Si la loi ne fait pas sauter les verrous nous empêchant d’être un peu plus forts dans les négociations, alors elle ne sera pas efficace. Mais on en reparlera lorsque les 2 300 amendements auront été examinés.
Par ailleurs, le texte responsabilise les interprofessions en leur demandant d’établir les indicateurs permettant d’intégrer les coûts de production. C’est bien. Mais nous demandons que ces indicateurs soient plus transparents et publics.
Terre-net : Emmanuel Macron avait promis une « inversion de la construction du prix » des produits agricoles. L’actuel texte n’est-il pas bien éloigné de cette promesse ?
Jérémy Decerle : Oui et non. Les têtes de chapitre du projet de loi semblent répondre à cette volonté. Mais si, dans son contenu, la loi ne sanctionne pas davantage les acteurs qui ne respectent pas les règles, alors nous n’aurons rien gagné. La loi sera positive quand elle sera signée et appliquée !
Le risque, c’est que chacun puisse continuer à faire ce qu’il veut. Fin novembre 2017, tous les acteurs de la chaîne alimentaire ont signé une charte d’engagement pour de meilleures relations commerciales. Certains ne respectaient déjà plus le lendemain ce qu’ils avaient signé la veille.
Terre-net : Le deuxième volet du projet de loi est-il une source d’inquiétude pour les Jeunes agriculteurs ?
J. Decerle : Oui, clairement. Nous avons l’impression que les députés vont plus vite pour mettre des contraintes aux agriculteurs, en matière d’environnement et de bien-être animal notamment, que pour leur redonner des prix plus justes.
Terre-net : Quel est le thème de votre rapport d’orientation annuel ?
J. Decerle : Pour notre congrès, notre rapport d’orientation reste assez large, dans la continuité de celui de 2017. Il faut trouver des leviers pour améliorer l’autonomie et la résilience des exploitations. En matière d’autonomie, la question de la formation de la jeunesse a une place centrale dans ce rapport. Il faut aussi faire avancer les choses en matière de gestion de l’eau.
Des solutions sont aussi à développer en matière de financement de l’installation, de travail en Cuma, de partage, mais aussi de fiscalité. Ces points-là seront aussi abordés dans le rapport.