Etude BCPE-BVA
Quand transmission rime avec transformation des exploitations

 La transmission, « un des leviers majeurs des transformations agricoles actuelles et futures » selon l'enquête BPCE-BVA 2021. (©Fotolia)
La transmission, « un des leviers majeurs des transformations agricoles actuelles et futures » selon l'enquête BPCE-BVA 2021. (©Fotolia)

 

« Près de 50 % des agriculteurs ont plus de 55 ans. » La 2enquête BPCE-BVA(1), réalisée par l'institut de sondage entre le 10 février et le 17 mars 2021 à la demande du groupe bancaire (Banque Populaire/Caisse d'épargne), confirme ce chiffre annoncé depuis plusieurs années par divers acteurs du monde agricole. Et donc « le volume massif de départs en retraite d'exploitants agricoles dans les 5 à 10 prochaines années ».

Les résultats montrent également que 22 % des producteurs interrogés « ne sont pas certains de travailler sur leur exploitation dans les 5 ans ». Par rapport à la 1ère enquête il y a deux ans, « le vieillissement des agriculteurs s’est accentué », faisait remarquer Alain Tordjman, directeur des études économiques du groupe BPCE, lors de la présentation des résultats le 20 juillet dernier.

Retraite et transmission préoccupent les agriculteurs

Devant le financement, la trésorerie, l'agrandissement, l'agroécologie...

Ce sont deux des trois sujets cités dans le questionnaire qui les intéressent le plus, devant le financement des investissements, la trésorerie, l'agrandissement, l'agroécologie. Ce qui n'est pas surprenant vu la pyramide des âges évoquée ci-dessus et sachant que près de la moitié de l'échantillon (603 répondants) est âgée de plus de 55 ans.

La retraite : une préoccupation pour 43 % des agriculteurs sondés (note de 8 à 10).

N.B. 10 signifiant "une préoccupation importante" pour les 2 prochaines années et 1 "une préoccupation importante" à court terme.

preoccupation retraite chez les agriculteurs enquete bcpe 2021
(©Enquête agriculture BCPE-BVA 2021)
 Une tendance en hausse : + 5 points par rapport à 2019. En particulier chez les 40-55 ans.

 Et une source de questionnement dès le début de carrière : pour 15 % des personnes enquêtées, âgées de 35 ans, à 20 % pour celles de 40 ans. Même si cela devient un sujet majeur au-delà de 55 ans.

Les femmes sont plus concernées que les hommes : 48 % (+ 5 points aussi comparé à l'enquête précédente) contre 42 %.

La transmission : une préoccupation pour 35 % des agriculteurs sondés.

preoccupation transmission chez les agriculteurs enquete bcpe 2021
(©Enquête agriculture BCPE-BVA 2021)
 Une tendance en hausse également : + 3 points par rapport à 2019. Surtout ici chez les 40-50 ans et pas plus tard. Elle baisse même entre 50 et 60 ans.

→ Là encore, les jeunes agriculteurs y réfléchissent déjà : 15 % des 35-40 ans. Même si c'est bien plus prégnant après 55 ans.

Conclusion : il y a davantage d'anticipation de la cession de la part des exploitants. Pour ceux de moins de 60 ans en tout cas car ensuite, la courbe de l'enquête de cette année repasse au-dessus de celle d'il y a deux ans.

Les hommes sont de plus en plus impliqués (désormais autant que les femmes)  : 42 % (41 % pour les agricultrices) versus seulement 33 % lors du premier sondage.

Où en sont les exploitants dans leur cession  ?

La « reprise de la ferme est assurée » pour 45 % des agriculteurs de + de 55 ans questionnés. 37 % ont la volonté de transmettre et 12 % seulement jugent cette transmission peu probable.

Les facteurs facilitant la cession des exploitations :

  • la forme sociétaire (reprise garantie pour 55 % des sociétés et 37 % des structures individuelles) ;
  • l'importance du chiffre d'affaires (reprise garantie pour 54 % des fermes avec un CA > 250 k€, un chiffre qui ne cesse de diminuer jusqu'à 32 % avec un CA < 50 k€) ;
  • l'investissement (42 % des exploitants de + de 55 ans, qui comptent cesser leur activité d'ici 5 ans, en prévoient un ; 64 % pour ceux dont la transmission est certaine). L'enjeu : préserver ou améliorer l’attractivité de leur outil de production. 

Chez les plus de 65 ans : presque autant veulent continuer à travailler (47 %) qu'arrêter leur activité d'ici 5 ans (43 %).

Le profil des fermes des cédants

Le profil des exploitations des jeunes agriculteurs

Remarques : seuls 18 % des jeunes n'en ont pas de projets d'investissement. C'est la tranche d'âge qui investit le plus (6 à 12 % de plus selon le nombre d'investissements envisagés).

À noter :

- Par rapport aux cédants : l'achat/location de terres passe devant la production d'énergie et la préservation des ressources.

- Concernant la tranche d'âge du milieu (40 à 54 ans) : les investissements suivent le même ordre de priorité que les deux autres.

- Dans le domaine de l'agroécologie : les jeunes agriculteurs s'impliquent davantage que leurs aînés (59 % sont déjà engagés dans une démarche et 18 % pensent le faire, contre 44 % et 11 % respectivement pour les plus de 55 ans).

Et surtout : les fermes à reprendre diffèrent de celles des jeunes installés (collectif de travail, dimension, mode de faire-valoir, investissements/ateliers).

Renouveler les générations transforme l'agriculture

Les jeunes, dans une dynamique de transformation adaptée aux enjeux environnementaux, économiques, humains.

« Les exploitants de moins de 55 ans sont à tous égards davantage investis dans une dynamique de transformation, de diversification et développent un modèle de production et de gouvernance plus adapté aux enjeux à la fois environnementaux, économiques et humains de l’agriculture, met en avant l'étude. La transition démographique offre donc l’opportunité d’une transformation progressive et ordonnée du tissu productif. »

« À âge égal, l’anticipation de la reprise contribue à allonger l’horizon de l’exploitant, lui permettant de projeter des investissements au-delà de sa fin d’activité, ce qui est doublement vertueux : à l’échelle individuelle, cela préserve la valeur de l’outil de production, à l’échelle collective, cela contribue à préserver la compétitivité moyenne des exploitations françaises. Améliorer les conditions de la reprise et faciliter la transition démographique dans le temps apparaît donc comme un enjeu central pour l’agriculture française et son adaptation à un contexte dont les exploitants ont pleinement conscience qu’il s’est transformé. »

Une transformation doublement vertueuse, individuelle (préservation de l'outil de production) et collective (maintien de la compétitivité agricole).

(1) Enquête téléphonique (CATI) et terrain du 10 février au 17 mars 2021 (un premier sondage avait été mené début 2019). Échantillon : 1 359 chefs d’exploitation de France métropolitaine, hors pêche, à la tête de moyennes et grandes exploitations (soit 300 000 environ), dont un sur-échantillon de 200 viticulteurs. Objectif : « Comprendre les mutations agricoles et leurs enjeux économiques, pour mieux les accompagner. »

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