
Le rendement moyen national en pois devrait s’établir à 45 q/ha, soit un peu meilleur que l’an passé et que la moyenne des dix dernières années. En féverole, les résultats devraient rester loin des records de 2008 et 2012, mais dépasser les niveaux de 2010 et 2011.
Ce résultat globalement satisfaisant recouvre cependant de fortes disparités entre parcelles en fonction du type de sol et de la conduite de culture : les erreurs les plus fréquentes concernent principalement le travail du sol (tassements au semis), l’absence de contrôle du niveau d’infestation par aphanomyces des parcelles et des programmes fongicides inadaptés en pois d’hiver.
Les conditions de récolte ont été souvent rapides et faciles, au moins en pois, sans commune mesure avec l’an passé.
Des prix élevés mais des volumes insuffisants pour les marchés
Les prix de marché ont été particulièrement élevés tout au long de la campagne écoulée, en valeur absolue et en écart avec le prix du blé : celui-ci est resté régulièrement supérieur à 50 €/t pendant la campagne écoulée, et reste à ce niveau pour le début de la nouvelle campagne. Le prix du tourteau de soja a atteint des niveaux record en 2012-2013 et même s’il a baissé depuis quelques mois, il reste à un niveau historiquement élevé. Or l’écart entre le prix du pois et le prix du blé est directement proportionnel à l’écart entre le prix du tourteau de soja et celui des céréales ; et le prix du pois en alimentation animale joue un rôle directeur pour les autres débouchés du pois jaune et de la féverole standard.
De même, le prix de la féverole à l’exportation en alimentation humaine a atteint des records pour les lots de bonne qualité et la France a bien tenu sa place sur ce marché au moins vers l'Egypte.
Une campagne qui confirme l'intérêt des protéagineux dans l'assolement
Ces marchés porteurs devraient se traduire par des compléments de prix sur les prix d’acompte payés aux producteurs pour la récolte 2012 et permettre un bon niveau d’acompte pour la récolte 2013.
Le niveau de l’aide couplée par ha de protéagineux pour la récolte 2013 devrait se situer à nouveau à près de 200 €/ha (soit près de 170 €/ha après modulation et application du cœfficient stabilisateur) puisque les surfaces sont stables par rapport à 2012.
Enfin, les protéagineux, du fait de leur autonomie en azote, ne sont pas affectés par le niveau élevé du prix des engrais azotés.
Au global et compte-tenu de l'amélioration des performances de la culture qui suit un protéagineux, la présence du pois dans les systèmes de culture sera mieux valorisée que les années précédentes, et avantageuse par rapport à des systèmes colza-blé-orge. La féverole, quant à elle, n’atteindra pas des niveaux de marge aussi élevés que l’an dernier, mais restera à un niveau satisfaisant, au moins pour les féveroles de qualité adaptées à l’exportation vers l’Egypte.
La demande reste insatisfaite
En revanche, du point de vue des utilisateurs, l’année 2013 est à nouveau une année de pénurie. Les surfaces et donc le niveau de production ne permettent pas de répondre de façon satisfaisante aux différents débouchés : alimentation animale, ingrédients agro-alimentaires et exportation. Au niveau de prix actuel, la place que pourraient prendre les protéagineux, est occupée par des matières premières de substitution (sauf en féverole ou pois vert en alimentation humaine où elles n'existent pas).
La filière espère que le bilan économique positif pour les producteurs en 2013 encourage d'autres à reprendre la culture de protéagineux en 2014. Le début de la campagne reste favorable en termes de prix la prolongation de l’aide couplée ne fait guère de doute.
Choix des parcelles d'abord et des variétés ensuite
En termes de maîtrise des rendements, une décision importante à prendre dès maintenant concerne le choix des parcelles pour la construction de l’assolement 2014. Pour la féverole, plus exposée que le pois aux étés chauds et secs, il reste important d’éviter les parcelles séchantes ; de même il est prudent de vérifier le risque de contamination des semences par des nématodes. Pour le pois, en dehors des sols calcaires et des parcelles en premier pois, peu concernés, il faut contrôler le niveau de potentiel infectieux en aphanomyces, en particulier en pois de printemps, beaucoup plus sensible que celui d’hiver.
En pois de printemps, l’offre en variétés productives et résistantes à la verse, du niveau de Kayanne voire mieux, s’est élargie et devrait permettre de remplacer complètement les anciens témoins comme Lumina ou Hardy.
En pois d’hiver, parmi les nouvelles variétés inscrites cette année et celles qui s'annoncent, certaines bénéficient de progrès très marqués au niveau de la combinaison rendement/ résistance au gel/ résistance à la verse. Elles ne seront cependant pas ou peu disponibles pour les semis 2013.
En féverole de printemps, le marché reste encore largement dominé par la variété Espresso, mais il faudra suivre les résultats 2013 de variétés en cours d’inscription qui paraissaient prometteuses en 2012.