
Entre 2003 et 2007, la proportion d’exploitations betteravières cultivant du colza a grimpé de 33 à 71 %. Depuis, elle s’est à peu près stabilisée mais reste très importante. Dans les rotations betteravières, le colza est cultivé quatre ans avant la betterave sur 11 % des parcelles, trois ans avant sur 30 % des parcelles et deux ans avant sur 59 % des parcelles. Dans les rares cas où les deux cultures se suivent, les parcelles sont labourées. Sur le quart des surfaces betteravières ayant eu du colza au moins une fois dans les quatre années précédentes, 9 % des surfaces sont cultivées avec des variétés tolérantes aux nématodes. Cette proportion monte à 19 % en Picardie.
L’existence aujourd’hui de plusieurs variétés tolérantes au nématode Heterodera schachtii (Hs) ne pose plus le problème de sa présence sauf en cas de présence importante d’autres bioagresseurs tels que rhizomanie ou cercosporiose. La nuisibilité de ce nématode sur le colza reste à confirmer. Dans le doute, les instituts privilégient la prudence.
S’agissant d’autres espèces de nématodes, en cas de présence identifiée de Ditylenchus dipsaci pour lequel la betterave et le colza sont tous des plantes hôtes, il est recommandé de ne pas trop intensifier ces cultures. (©Itb/Cetiom)
Gestion du colza en rotation avec des betteraves
Le calendrier recommandé de destruction des chaumes de colza sitôt la récolte, et des repousses toutes les deux à trois semaines jusqu’au semis de la culture suivante, correspond à l’acquisition d’une somme de températures de 265°C jour – base 8°C à 10 cm de profondeur de sol – dans le nord-est de la France. Une destruction mécanique peut faire lever de nouvelles repousses qui seront détruites par le passage suivant.
Le Cetiom et l’Itb insistent sur le fait de ne pas enfouir les graines de colza perdues à la récolte pour limiter leur persistance dans le temps. Ils recommandent donc de ne pas labourer pour implanter la culture suivante. En l’absence de travail du sol ou en cas de déchaumage superficiel (moins de 5 cm), les graines ne persistent pas au-delà d’un an. Avec un déchaumage à 8-10 cm de profondeur, 8 % des graines persistent plus de cinq ans. En cas de labour (27 cm de profondeur), ce sont 23 % des graines qui survivent au-delà de cinq ans.
Choix de la culture intermédiaire
En présence de H. schachtii ou en situation à risque important (1), il est conseillé de choisir une crucifère résistante, le radis étant souvent plus efficace que la moutarde contre la multiplication du nématode. Il faut cependant veiller à ne pas le laisser monter à graines. En situation infestée par la hernie du chou, les moutardes sont déconseillées. Dans les autres cas, un éventail d’espèces de cultures intermédiaires est possible. Eviter cependant les crucifères non résistantes (dont la navette) et toutes les autres cultures multiplicatrices de H. schachtii. La phacélie se révèle difficile à détruire dans les colzas avec les solutions chimiques actuellement disponibles.
En présence de nématode du collet (Ditylenchus dipsaci), éviter l’avoine et le seigle. Et en son absence, l’avoine sera préférable au seigle ou au ray-grass qui gèlent moins facilement et peuvent entraîner des problèmes de désherbage dans la suite de la rotation.