
Les opérateurs « fuient le (marché à terme) pour travailler à prix cash, comme il y a quinze ans, ce qui explique la baisse », a expliqué à l'AFP Edward de Saint-Denis de la société de courtage Plantureux et Associés.
Vu la mauvaise qualité de la récolte française, dégradée par les pluies, les investisseurs craignent que la coopérative Sénalia, propriétaire du silo à Rouen qui fait office de point de livraison des contrats passés sur Euronext, ne révise à la baisse ses critères de qualité pour accepter le blé, analyse Damien Vercambre d'Inter-Courtage.
Cela permettrait aux agriculteurs qui ont récolté un blé de moindre qualité de pouvoir le livrer, mais ferait baisser la valeur du contrat blé sur Euronext, puisqu'il serait associé à un blé de qualité moyenne, explique en substance M. Vercambre.
Pour Edward de Saint-Denis, le contrat sur Euronext reflète donc de plus en plus « un blé fourrager », utilisable pour l'alimentation animale mais pas en meunerie, où les exigences de qualité sont plus grandes.
« Cela peut créer un vrai problème sur l'avenir du marché à terme », estime-t-il.
Une situation qui pourrait bénéficier aux blés russes et américains
« Derrière ce débat très technique, la question est : comment réussir à valoriser nos blés ? Comment vont réagir nos clients ? », résume Damien Vercambre, qui dit recevoir de nombreux appels d'importateurs ces jours-ci, inquiets sur la qualité.
La situation en France, et plus largement en Europe de l'Ouest, pourrait bénéficier aux blés russes et américains, qui n'ont pas de problèmes de qualité, estime-t-il.
En parallèle, « l'augmentation des volumes fourragers pèse fortement sur le marché du maïs », constate Agritel.
Au niveau mondial, « les très bonnes perspectives de production, (...) fragilisent davantage le marché », ajoute le cabinet.
Le Conseil international des céréales a revu à la hausse ses prévisions de production pour le blé et le maïs en 2014/2015.
Sur Euronext vers 13h15 (11h15 GMT), la tonne de blé perdait 2,25 euros sur l'échéance de novembre à 168,25 euros et 2,50 euros sur celle de janvier à 170 euros. Les volumes traités sur le marché étaient très importants, avec plus de 35.000 lots échangés.
En raison de la clôture prochaine de l'échéance, le maïs gagnait 75 centimes sur l'échéance d'août à 163 euros mais il en perdait 25 sur celle de novembre à 152,75 euros la tonne. Environ 800 lots avaient changé de main.
En France, sur le marché physique, blé et orge perdaient trois euros et le maïs restait stable.