« Le marché reste actuellement enlisé dans une tendance baissière très lourde en raison d'attentes de récoltes record » et, dans le cas du soja, « de prévisions d'une hausse de la production en Amérique du sud pour la campagne 2014-2015 », a expliqué Dewey Strickler, de AG Watch Advisors. Des températures modérées et une pluviométrie quasi idéale ces derniers mois, pendant la période clef de développement des cultures de maïs et de soja, ont créé les conditions d'une récolte historique pour ces deux cultures les plus importantes aux Etats-Unis. Selon les dernières prévisions du ministère américain de l'Agriculture (Usda), la production américaine devrait ainsi atteindre des niveaux jamais vus auparavant dans les deux cas, à respectivement 366 millions de tonnes, pour le maïs, et 106,5 millions de tonnes, pour le soja.
Plombés par ces attentes, les cours agricoles étaient envoyés au tapis : les contrats de référence pour le soja et le maïs évoluaient à des niveaux plus vus depuis juillet et juin 2010 respectivement. Les cours du blé n'échappaient pas à cette très forte tendance baissière, pénalisés quant à eux par l'abondance prévue de l'offre mondiale. « Du côté de l'Union européenne, les estimations de récolte ont été révisées en hausse de 2,5 millions de tonnes, jusqu'à 146,6 millions de tonnes, en hausse de 8% par rapport à l'année précédente », ont relevé les experts de Commerzbank citant des chiffres de la société spécialisée Strategie Group. « Et même en Ukraine, (...) les prévisions de récolte de blé ont été relevées de 13% par rapport aux chiffres d'août, à 23,7 millions de tonnes », ont-ils poursuivi.
Le blé sous l'influence des précipitations américaines
Les prix de la céréale ont également souffert jeudi de ventes hebdomadaires à l'exportation jugées particulièrement décevantes. « Cette déception est en partie due à la force du dollar », ont estimé les analystes. La monnaie américaine évolue actuellement à des niveaux plus vus depuis six ans face au yen et depuis 14 mois face à l'euro. Or, un dollar fort rend les achats de matières premières, libellées en dollars, plus coûteux et donc moins attractifs pour les acheteurs munis d'autres devises, freinant les exportations américaines. En outre, « des précipitations dans les plaines du Sud jusque-là très sèches », essentielles dans la production de blé aux Etats-Unis, participaient également au déclin de ses cours, a estimé l'analyste Arlan Suderman, de Water Street Solutions.
Le boisseau de maïs (environ 25 kg) pour livraison en décembre 2014, le plus échangé actuellement sur le marché, a fini vendredi à 3,3150 dollars contre 3,3850 dollars vendredi dernier, à son plus bas en clôture depuis juin 2010 (- 2,1 %). Le boisseau de blé pour livraison en décembre, le contrat le plus actif en ce moment, s'est établi à 4,7450 dollars contre 5,0250 dollars en fin de semaine dernière, à des niveaux plus vus depuis début juillet 2010 (- 5,6 %). Le boisseau de soja pour livraison en novembre, le plus coté, a fini à 9,5700 dollars contre 9,8525 dollars vendredi dernier, à des seuils inconnus également depuis juillet 2010 (- 2,9 %).