
Le bas volume permet de réduire les doses. Voilà une idée reçue qui a la vie dure. Pour preuve : Jacques Moutailler, agriculteur dans l’Oise, déclare être « passé au bas volume pour réduire la quantité de produit pulvérisé à l’hectare parce que demain, la réglementation devrait l’imposer ». « Si je peux viser le même potentiel de rendement avec moitié moins de phytos, pour autant d’heures de tracteur, j’y vais », poursuit-il. Christophe Chatain, son conseiller à la Chambre d’agriculture de l’Oise, complète le discours de l’agriculteur en prenant l’exemple du programme fongicide, dont le coût s’élève ici à 40 à 50 €/ha contre 70-80 €/ha en conventionnel. Evidemment de telles données ne laissent pas indifférents…
Damien Brayotel, polyculteur dans l’Yonne, en bas volume depuis 2007, insiste, lui, sur le gain d’autonomie et sur le fait de pouvoir profiter de meilleures conditions de traitement. « À 50 l/ha, il me suffit d’une cuve pour traiter 20 à 25 ha et ce, assez rapidement, de manière à profiter des conditions matinales : la rosée qui favorise la diffusion de la solution sur toute la surface foliaire, une hygrométrie supérieure à 65 % et de faibles amplitudes thermiques. C’est l’ensemble de ces éléments qui me permet de diminuer les doses de produits… pour les fongicides et herbicides foliaires parce que, pour les racinaires et les insecticides, ce n’est pas possible. »
Il signale cependant quelques contraintes : une plus forte dérive, des plages de travail écourtées, le vent, ennemi n°1, et les problèmes de colmatage. « Les buses se bouchent plus facilement. J’ai dû installer des filtres qu’il faut entretenir et nettoyer régulièrement. »
Débit de chantier augmenté
Atout majeur du bas volume : l’optimisation du temps de travail. En effet, selon les prescripteurs, la technique améliore d’abord le débit des chantiers de pulvérisation. Christophe Chatain le résume en quelques mots : « Moins je mets d’eau, plus je couvre d’hectares dans de bonnes conditions. J’économise du temps de parcours, de remplissage et j’augmente la vitesse d’avancement. » Jacques Moutailler reprend ses calculs. « A 120-150 l/ha et à 10 km/h, temps de remplissage et de parcours compris, je traitais 10 ha en une heure. Aujourd’hui, je fais le double… »
Damien Brayotel travaille entre 11 et 12 km/h. « Toutefois, j’adapte les paramètres aux interventions. Concernant le glyphosate, je peux monter à 15 km/h et descendre à 40 l/ha dans ma cuve. Par contre, pour traiter le sclérotinia du colza, je réduis la vitesse et augmente le volume afin de ne pas abîmer la culture déjà bien avancée. » Et le résultat final ? « Mes rendements et le niveau de salissement de mes parcelles sont inchangés, souligne Damien Brayotel. Et, je m’inquiète moins de la qualité de la protection de mes cultures, même si je dois être plus attentif aux conditions de traitement. »