Les fermiers en quête de consensus et de visibilité

Les fermiers en quête de consensus et de visibilité

Paysage agricole
Selon les fermiers et métayers, le projet de loi d'avenir est une occasion manquée de faire évoluer le statut du fermage, pour donner plus de visibilité à l'agriculteur locataire à l'égard du foncier. (©Terre-net Média)
Il est loin le temps où les élus de la République votaient, à l'unanimité, le premier cadre du statut du fermage à l'unanimité. 68 ans après la création des baux ruraux tels que nous les connaissons, le statut du fermage si cher aux fermiers est « malmené sur de nombreux plans ». C'est en tout cas le constat que les fermiers et métayers de la Fnsea ont fait lors de leur congrès annuel, les 19 et 20 février 2014 à Limoges.

Pour eux, le projet de loi d'avenir pour l'agriculture voté en première lecture à l'Assemblée nationale, avec la proposition d'étendre les clauses environnementales à tous les baux et tous les espaces, n'est pas recevable. Sur ce point, les fermiers ont reçu l'appui du président de la Fnsea Xavier Beulin, venu débattre avec eux mercredi 19.

Promouvoir le fermage auprès des jeunes

Cette extension des clauses environnementales apparaît d'autant plus dangereuse pour les fermiers qu'ils observent un « décalage culturel croissant de la société civile vis-à-vis du monde agricole ». En fait, les fermiers craignent d'avantage l'arrivée, par héritage, de nouveaux propriétaires, moins ancrés dans le monde agricole et, parfois, avec une fibre écologiste déconnectée de la réalité de la production agricole.

« La situation dans laquelle un jeune citadin sera tenté, par simple idéologie, d'imposer à son locataire la production biologique sur les terres qu'il vient d'hériter » n'est pas si caricaturale à leurs yeux. « La société civile a soif de nature, mais elle en a une vision mythique », résume Samuel Meens, sociologue et directeur des Fdsea de l'Indre et l'Indre-et-Loire.

A l'inverse, la proportion croissante de jeunes installés hors cadre familial « doit pousser notre section à développer le statut du fermage », explique pour sa part Michel Thomas, de la Snfm. Un développement d'autant plus nécessaire pour les fermiers que de plus en plus de propriétaires bailleurs, considérant le statut du fermage trop contraignant, reprennent leurs terres pour les exploiter à façon.

Les fermiers ont ainsi soif de visibilité « pour pouvoir planifier sereinement des plans de carrière et préparer la transmission de l'exploitation ». Une visibilité qu'ils ne retrouvent pas suffisamment dans le projet de loi d'avenir (lire encadré ci-dessous).

Aussi, les fermiers ont souligné le manque de consensus avec les propriétaires bailleurs, réunis eux aussi au sein d'une section de la Fnsea, empêchant toute évolution sereine du statut. « De quoi a-t-on peur ? De vos demandes extravagantes ! » La réponse de Josiane Béliard, présidente de la Snpr, la section nationale des propriétaires ruraux, traduit le manque de dialogue entre fermiers et bailleurs et les nombreuses divergences de points de vue.

« Un projet de loi d'avenir très pauvre »

Absent car en déplacement à Nantes pour le Sommet du végétal, le congrès d'Orama, Stéphane Le Foll n'a délivré qu'un message vidéo à la bonne centaine de congressistes. Néanmoins, le ministre de l'Agriculture a, semble-t-il, entendu les craintes des fermiers vis-à-vis des clauses environnementales. Un consensus devrait pouvoir être trouvé, selon lui, lors de l'examen du projet de loi par le Sénat, en avril prochain.

En attendant, les fermiers regrettent que, sur la question du statut du fermage, « le projet de loi ne fasse qu'empiler de nouvelles règles plutôt que de simplifier », comme le rappelle un locataire de terres dans l'Oise. « Le projet reste très pauvre sur le statut du fermage » a surenchéri Sylvie Le Brun, présidente de la Snfm. En matière de simplification, la profession agricole en attend beaucoup, et depuis longtemps. Une simplification des normes qui constituera d'ailleurs l'un des trois axes de débats des Etats généraux de l'Agriculture organisés ce vendredi 21 février par la Fnsea.

Communiquer de manière positive

Outre la défense de ces propositions dans le cadre du débat parlementaire sur le projet de loi d'avenir, reste pour les fermiers à renforcer et améliorer la communication sur le statut du fermage. « Nous devons communiquer de façon positive  sur le statut en tant qu'outil indispensable pour l'exploitant agricole ». Indispensable à l'échelle d'une exploitation qu'au niveau national : le fermage, en tant que mode de faire-valoir indirect du foncier agricole, concerne plus de 70 % de la Sau française. 

Inscription à notre newsletter

NEWSLETTERS

Newsletters

Soyez informé de toute l'actualité de votre secteur en vous inscrivant gratuitement à nos newsletters

MATÉRIELS D'OCCASIONS

Terre-net Occasions

Plusieurs milliers d'annonces de matériels agricoles d'occasion

OFFRES D'EMPLOIS

Jobagri

Trouvez un emploi, recrutez, formez vous : retrouvez toutes les offres de la filière agricole

Réagir à cet article