Le marché pétrolier demeure ainsi un marché directeur et expliquerait ce repli entraîné par la baisse des coûts de production, de transports et des intrants et la poursuite du développement de la filière biocarburants, bien que la Banque Mondiale table sur la baisse de la consommation au profit du pétrole.
La poursuite de la chute du prix du baril aurait également un impact sur le comportement des grands acheteurs de blé à l’image de l’Egypte, de l’Algérie et de l’Iran dont la demande commence à se ralentir.
Pourtant, la formation des prix agricoles (et ceux du blé notamment) ne peut s’expliquer exclusivement par le prix du pétrole. L’histoire immédiate et passée l’a bien démontré, les marchés agricoles sont avant tout structurellement hypervolatils, avec des fluctuations à la hausse et à la baisse, et incertains. Force est surtout de constater que la sécurité alimentaire et l’agriculture sont devenues plus que jamais vulnérables non seulement aux chocs exogènes (aléas climatiques, choc macroéconomique…) mais également aux risques endogènes (financiarisation des marchés agricoles et aux comportements moutonniers sur les marchés…), qui font la spécificité des marchés agricoles contemporains.
L’année 2014 l’a démontré, l’année 2015 ne devrait pas le démentir : ces marchés sont ainsi tout aussi tributaires d’événements géopolitiques et géo-économiques comme l’embargo russe, la crise ukrainienne, les conflits au Moyen-Orient, et de phénomènes climatiques comme la sécheresse en Australie que de l’évolution des taux de change ou encore de la poursuite des activités spéculatives aux Etats Unis et en Europe.
Mais si l’incertitude est un acquis, il paraît cependant incontestable que nous assistons à la formation de nouveaux équilibres mondiaux, où les arrangements géopolitiques alimentaires deviendront une arme stratégique majeure, au même titre que l’arme pétrolière, avec tous les jeux de pouvoir et d’influence de même que les risques qu’elle induit.