« J’ai des problèmes de ray-grass depuis toujours. Mais avant, un désherbage à l’automne suffisait, avec un traitement au chlortoluron, isoproturon ou Défi. » Avec l’arrivée d’Archipel et Atlantis il y a 10 ans, Jean-Paul Jourdain évolue vers un passage unique au printemps, « surtout pour des raisons d’organisation ». « Puisqu’une Eta se charge des traitements, il est plus facile de caler 30 ha sur une journée de printemps. » Ce qui change, c’est qu’il faut de plus en plus de phytos pour venir à bout de l’adventice. « Et comme le pulvé n’est pas mon outil préféré, je cherche des solutions alternatives. » Premier levier activé : la date de semis. « Au 15-20 octobre pour le blé. »
Il y a huit ans, l’éleveur, membre du réseau Dephy Eure, décide d’intégrer les prairies à sa rotation. Il dispose de 50 ha accessibles autour de l’exploitation, de quoi introduire des herbages au milieu de la plaine. Il découpe 40 ha en parcelles de 8 ha et y organise ses rotations en incluant l’herbe. Un semis de ray-grass et trèfle sera exploité pendant trois, quatre ou cinq ans. Derrière, un maïs, puis un blé, du lin, et de nouveau un blé ou une prairie selon les besoins en fourrage de l’élevage. « L’effet désherbage est très net. Deux fois sur trois, le maïs se passe d’herbicides. Pour le blé suivant, je prévois un traitement de printemps si nécessaire, pas plus. La pâture profite de son implantation récente et les cultures suivantes en tirent d’autres bénéfices : moins d’engrais et de maladies. »
« Mon raisonnement est avant tout économique »
Troisième levier identifié par l’agriculteur : ses quatre périodes différentes de semis, qui limitent la pression ray-grass.
Résultat de cette stratégie : depuis 2010, un tiers des blés n’est plus désherbé, un tiers reçoit un traitement et le tiers restant deux. « Pourtant, ce n’est pas un objectif en soi. J’accepte peut-être plus la présence de mauvaises herbes que d’autres agriculteurs. Mon but est d’éviter leur dissémination, donc de les contenir tout en essayant de réduire leurs populations. Je tolère quelques ray-grass tant que ça n’ampute pas mon résultat. Mon raisonnement est économique avant tout : diminuer les coûts, tenir ma marge. »