Pour réduire le risque de viroses, la lutte préventive s’appuie notamment sur la destruction des repousses et des graminées sauvages qui constituent autant de réservoirs à virus. Ensuite, il est conseillé d’éviter un semis précoce entraînant une plus forte concomitance entre la période de sensibilité de la céréale et les activités de vol et de colonisation des insectes. Mais retarder le semis n’est pas sans conséquence sur la conduite de la culture et son potentiel, et ne constitue pas toujours une mesure pleinement efficace quand les conditions climatiques de l’automne restent longtemps favorables au développement des insectes sur la parcelle.
La lutte génétique reste peu développée, malgré différents travaux conduits depuis de nombreuses années. Très récemment, quelques nouvelles variétés d’orge tolérantes à la JNO ont été inscrites au catalogue. Les résultats des premiers essais d’évaluation par Arvalis - Institut du végétal témoignent de leur bon comportement mais, face à des infestations soutenues, des pertes de rendement peuvent être observées pour ces variétés non indemnes de virus (de l’ordre de 10 q/ha lors de la campagne 2015).
Une protection des semences efficace
La protection insecticide des semences à base d’imidaclopride (Gaucho 350, Gaucho Duo FS) présente une très bonne efficacité vis-à-vis des pucerons. Ce traitement est notamment justifié sur les semis précoces et sur orge, espèce à forte sensibilité JNO. Lors des trois essais de la campagne 2014/2015 (figure 1), soumis à infestations significatives et prolongées, Gaucho 350 a confirmé sa forte efficacité avec un gain de rendement atteignant 58 q/ha sur orge (2 essais) et 32 q/ha sur blé (1 essai). Le traitement Gaucho Duo FS, conduisant aux mêmes apports d’imidaclopride a conduit à des performances similaires.
Cette protection peut s’étendre jusqu’au stade 4-5 feuilles environ, mais elle n’est pas totale face à des infestations tardives. Sur ces mêmes essais de 2015, avec des semis précoces et des infestations prolongées, l’application d’un traitement insecticide relais (Karaté Zéon) au stade début tallage a permis d’accroître le rendement de près de 11 q/ha sur orge et de 7 q/ha sur blé. Ces résultats soulignent la nécessité de prolonger la surveillance lors des automnes doux et ensoleillés qui peuvent favoriser une activité relativement tardive des pucerons dans un contexte de croissance rapide des céréales.
Intervenir en végétation au bon moment
Les insecticides appliqués en végétation sont essentiellement des pyréthrinoïdes (figure 2). Ils agissent par contact et ne protègent pas les nouvelles feuilles formées après le traitement. Ainsi une application trop précoce est une assurance illusoire car elle ne permettra pas de lutter efficacement contre les infestations à venir. L’observation des insectes dans la parcelle est donc essentielle pour déclencher le traitement insecticide au moment le plus opportun. Ces observations sont à réaliser minutieusement, par beau temps, et ce dès la levée en l’absence de protection insecticide des semences. Attention : les pucerons ne sont pas responsables de dégâts directs, au-delà de leur niveau et durée de présence, leur nuisibilité dépend notamment de leur pouvoir virulifère et de leur capacité à transmettre les virus aux plantes. Dans ces conditions, la notion de seuil reste délicate !
Traiter dès que 10 % des plantes sont habitées et ne pas laisser séjourner les pucerons
Il est recommandé d’intervenir quand 10 % de plantes portent au moins un puceron. En dessous de ce seuil, il est conseillé de ne pas laisser séjourner les pucerons plus de 10 jours sur la parcelle : même peu nombreux et donc plus difficilement observables, notamment par temps pluvieux, ils peuvent occasionner de graves dégâts suite à une présence prolongée.
Et au-delà du premier traitement, il est nécessaire de ne pas relâcher la surveillance quand les conditions sont favorables à de nouvelles infestations, même tardives (les plantes restent sensibles à l’infection jusqu’au stade fin tallage environ).
Ainsi à l’automne 2014, sur l’essai Arvalis - Institut du végétal conduit à Saint Pierre d’Amilly (figure 1), le traitement insecticide Karaté Zéon, appliqué au stade 2 feuilles, avec 10 % de plantes habitées, a permis un gain de 15 q/ha. Mais face aux infestations tardives de l’automne 2014, seule une lutte renforcée avec une deuxième application (début tallage) a permis d’atteindre un rendement proche de celui acquis avec la protection insecticide des semences. Sur la plateforme de Montans, que ce soit sur orge d’hiver ou sur blé tendre, trois applications de Karaté Zéon ont été nécessaires pour atteindre le rendement de la modalité Gaucho 350 avec relais insecticide.